Sénégal. Coronavirus: Macky Sall interdit les licenciements et demande un moratoire sur les crédits

Le président Macky Sall

Le président Macky Sall. dr

Le 17/04/2020 à 10h39, mis à jour le 17/04/2020 à 10h41

Après avoir interdit les licenciements et rendu difficile la mise au chômage technique des employés, le président Macky demande à ses ministres de négocier avec la banque centrale et les banques commerciales un moratoire sur les échéances de crédit des particuliers.

En étant autorisé à gouverner par ordonnance, le président sénégalais a été investi par le Parlement de super-pouvoirs. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a appris vite à s'en servir.

Sa toute première ordonnance a été d'interdire "durant la pandémie du Covid-19 et dans les limites de temps de la loi d’habilitation N°2020-13 du 2 avril 2020, de tout licenciement autre que celui motivé par une faute lourde du travailleur". La décision prise en fin de semaine dernière est donc expressément rétroactive, puisqu'elle s'applique à tous les licenciements intervenus à partir du 2 avril. Elle est également prévue pour aller jusqu'au 2 juillet. 

Par ailleurs, les entreprises voulant mettre leurs salariés au chômage technique doivent leur verser au moins l'équivalent de 70% de la moyenne des trois derniers salaires perçus. 

Evidemment, le patronat grince des dents et dénonce des mesures qui vont mettre en difficulté des entreprises dont certaines n'ont plus de revenus à cause de la pandémie et des restrictions de déplacement à partir de 18h. 

Le gouvernement sénégalais brandit à son tour l'argument selon lequel, les entreprises bénéficient d'un moratoire sur le paiement des impôts. Sauf qu'il ne s'agit que d'un simple report, puisque tôt ou tard, les entreprises sont obligées de s'en acquitter. 

A côté de cette mesure qui a force de loi, le président Macky Sall appelle également les banques à ne pas effectuer de prélèvement des échéances de crédit pour les trois mois à venir. 

En effet, la pandémie de Covid-19 a contraint plusieurs personnes à rester chez elles. Des chefs de famille qui se retrouvent au chômage du jour au lendemain mais qui sont obligés d’honorer leurs engagements de location ou des crédits contractés au niveau de certaines banques.

Macky Sall a demandé, mercredi 15 avril, en conseil des ministres des concertations entre les ministères de tutelle et les institutions financières, en vue d’un report des échéances de crédits au profit des agents économiques éprouvés par la crise sanitaire. Cela peut à terme donner lieu à une nouvelle décision. 

Il vient par cette proposition d’enlever une grosse épine des pieds de ces chefs de famille. Le projet de loi portant suspension des expulsions a également été adopté pendant ce conseil des ministres. 

Il convient de rappeler que depuis le début de la pandémie, les Sénégalais ont eu droit à davantage de mesures à caractère social que purement sanitaire. En tout cas, c'est vers l'aide aux ménages que toute la communication gouvernementale est orientée. 

Depuis quelques jours, l'acent est mis sur la distribution d'importants lots de denrées à un million de ménages. Par contre, rien n'est dit sur d'éventuelles commandes lancées concernant les respirateurs artificiels. Trois milliards de Fcfa auraient été débloqués pour en acquérir. Rien n'est non plus dit sur la pénurie de chloroquine qui guette; puisqu'il y a une semaine le professeur Moussa Seydi, chef de service des maladies infectieuses au CHU de Fann, affirmait qu'il n'y avait que 700 boîtes de ce médicament correspondant à autant de patient. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 17/04/2020 à 10h39, mis à jour le 17/04/2020 à 10h41