L’opinion sénégalaise est fortement divisée sur l’asile accordé par le gouvernement à deux ex-détenus libyens de Guantanamo. Ce qui est présenté comme «un geste humanitaire de haute portée diplomatique» par le gouvernement devient finalement une pomme de discorde au sein de la classe politique. Même l'opinion publique manifeste son attitude "contre l’accueil de ces deux ‘’terroristes’’.""Le Sénégal n’appartient ni aux Américains, ni aux Français, mais aux Sénégalais. Le Sénégal n’est pas la poubelle du monde", réagit une internaute sur sa page Facebook.Pour ne rien arranger à la question, l’opposition accuse le gouvernement d’avoir reçu une contrepartie financière de Washington.Il faut dire que l’opinion sénégalaise est très marquée par les récents attentats dans la sous-région (Bamako, Ouagadougou, Grand-Bassam) et se montre très irritée chaque fois que l'on parle de terrorisme.Même s’il faut le souligner et le répéter «aucune charge» ne pèse sur les deux Libyens, d’après les autorités américaines et sénégalaises.La polémique a suffisamment pris de l’ampleur que le gouvernement, un peu sur la défensive, multiplie les sorties pour expliquer et défendre sa décision d’accorder l’asile à ces «frères africains et musulmans victimes de détention arbitraire pendant quatorze ans».Après la sortie de ses collègues de la Justice et de l’Intérieur, en début de semaine, qui ont tous martelé qu’il n’y avait «aucun risque» à accueillir ces deux ex-détenus, c’est au tour du ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, de réagir.Dans un communiqué publié hier, le chef de la diplomatie sénégalaise soutient qu’il n’y a «aucun deal» entre les Etats-Unis et le Sénégal. «Je tiens à dire et à assurer qu’aucune contrepartie financière ou autre n’a été versée au Sénégal et le gouvernement n’en a réclamé aucune, car il s’agit d’un geste humanitaire en faveur de frères africains dont le pays se trouve dans une situation sécuritaire extrêmement difficile», écrit-il.Ndiaye rappelle que le Sénégal n’est pas le seul à accueillir des ex de Guantanamo. 27 pays l’ont fait avant, dit-il. En plus, ajoute le ministre, le Sénégal «s’est entouré de toutes les garanties» avant de donner son accord à l’administration Obama. «Comment un gouvernement dont l’engagement dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent –et certains thuriféraires ont dit d’ailleurs qu’on en fait un peu trop– peut-il donc se permettre ‘’d’importer’’ des terroristes et de porter atteinte à la sécurité et à la tranquillité de ses citoyens ? Et à quelles fins», s’interroge-t-il, avant de dénoncer la politisation d’une question purement humanitaire.
Le 08/04/2016 à 18h00, mis à jour le 08/04/2016 à 18h06