Libération des quatre fonctionnaires sénégalais retenus en Gambie

Yahya Jammeh, président de la Gambie, et Macky Sall, président du Sénégal.

Yahya Jammeh, président de la Gambie, et Macky Sall, président du Sénégal.

Le 20/04/2016 à 15h01

Yahya Jammeh, le président gambien, a lâché un peu du lest en acceptant de libérer les quatre Sénégalais détenus en Gambie depuis quelques jours. Mais la crise prévalant sur l’axe Banjul-Dakar est encore loin de trouver un dénouement.

Les agents du ministère sénégalais de l’Environnement et du développement durable, qui étaient retenus en Gambie depuis le 16 avril, ont été libérés hier (mardi) soir. Sory Kaba, le directeur des Sénégalais de l’extérieur au ministère des Affaires étrangères, a confirmé que les trois agents et leur guide ont regagné la commune de Niaming (département de Médina Yoro Foula, région de Kolda), en territoire sénégalais, «sains et saufs» et qu’ils sont attendus à Dakar aujourd’hui.D’après Kaba, l’ambassadeur du Sénégal à Banjul, Saliou Ndiaye, a joué un rôle déterminant et efficace dans la libération de ses compatriotes. Si ce dénouement est un ouf de soulagement pour les désormais «ex-otages» et leurs familles, le «problème» gambien reste un vrai casse-tête pour Macky Sall, étant donné qu’il est à la fois chef de l’Etat du Sénégal et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont la Gambie est membre. Ce qui illustre la délicatesse de la posture à adopter par le président sénégalais qui joue à l’apaisement et au dialogue pour résoudre cette crise prévalant sur l’axe Banjul-Dakar.Visiblement soucieux de ménager un voisin (le président Jammeh) à la capacité de nuisance «avérée» en raison de ses liens supposés avec la rébellion casamançaise, mais aussi des risques de représailles contre l’importante communauté sénégalaise établie en Gambie, le régime sénégalais hésite entre fermeté et diplomatie.Conscient de cette situation, Jahya Jammeh, n’hésite pas, d’après certains observateurs, à jouer à la surenchère, comme ce fut le cas en 2012 lorsqu’il a fait exécuter deux Sénégalais condamnés à mort par la justice gambienne, sans en informer les autorités sénégalaises au préalable. Plus récemment aussi, Banjul à refusé d’extrader un grand délinquant, «Boy Djiné», évadé de prison au Sénégal et ayant trouvé refuge en Gambie.Décidemment, les temps ont bien changé depuis les années 1980 quand l’armée sénégalaise intervenait pour rétablir Kaba Diawara, le président gambien d’alors, dans ses fonctions après le putsch de Koukoye Samba Sanyang.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 20/04/2016 à 15h01