Une peine de 5 ans requise contre un imam sénégalais pour apologie du terrorisme

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Le 12/05/2016 à 13h00

Jugé pour «apologie du terrorisme et désobéissance militaire», un imam de Kolda (sud du Sénégal) risque cinq ans de prison. En tout cas, c’est la peine requise par le procureur lors de son procès, hier. Ce sont ses sermons «radicaux et virulents» qui lui valent cette peine.

Professeur d’histoire et de géographie dans un lycée de Kolda en Casamance (Sud du Sénégal), Ibrahima Sèye faisait aussi office d’imam dans une mosquée de cette ville. Et c’est bien cette dernière casquette qui lui a valu son arrestation, le 5 octobre 2015, et un placement en mandat de dépôt quelques jours plus tard.Hier, lors de son procès devant le tribunal de grande instance de Kolda, pour répondre des délits présumés «d’incitation à la désobéissance militaire, à l’intolérance religieuse et apologie du terrorisme», le mis en cause a nié être un «terroriste». Mais dans son réquisitoire, le procureur de Kolda a requis une peine de prison ferme de cinq ans contre lui.Selon le correspond du quotidien dakarois «L’Observateur», l’imam-enseignant est resté fidèle à ses convictions «radicales» qui l’ont conduites en prison. «J’ai ma foi, je crois en Dieu et en son prophète. Si quelqu’un cherche à me dévier de mon chemin, c’est peine perdue, parce que je considère tous ceux qui prônent des actes non conformes aux principes de l’islam comme étant des mécréants», a-t-il répété devant les juges, toujours selon le correspondant de «L’Observateur». L’imam Sèye «a aussi réaffirmé sa sympathie» pour Oussama Ben Laden, l’ancien n°1 d’Al Qaeda.Selon les enquêteurs et les correspondants de la presse à Kolda, avant son arrestation, Ibrahima Sèye avait «multiplié» ses sermons «radicaux et virulents» dans ses prêches du vendredi.Il aurait même traité le président Macky Sall de «mécréant-profanateur au même titre que François Hollande et Barack Obama», tout en dénonçant l’envoi de troupes sénégalaises au Mali, au Darfour et au Yémen. Il s’était aussi «attaqué» aux confréries religieuses considérées par beaucoup de Sénégalais comme «un rempart contre l’extrémisme». C’est ce dernier prêche, d’ailleurs, qui avait précipité son arrestation le 5 octobre 2015.Hier, devant la barre, Ibrahima Sèye n’a pas reculé d’un iota dans ses déclarations, d’après les correspondants de presse qui ont couvert le procès. Ce qui a poussé le procureur à requérir 5 ans de prison ferme contre lui. L’affaire est mise en délibéré. Le verdict est attendu le 1er juin 2016.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 12/05/2016 à 13h00