L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) a ouvert une enquête sur l’affaire dite Petro Tim dans laquelle est impliquée Aliou Sall, le frère du président Macky Sall. La révélation a été faite, ce mardi 24 mai, par Nafi Ngom Keïta, la présidente de l’OFNAC, lors de la présentation du premier rapport d’activité de cette structure créée par Macky Sall pour lutter contre l’enrichissement illicite.«Aliou Sall est venu répondre à notre convocation, nous l’avons entendu. L’enquête est en cours…», dit Mme Keïta, sans rien révéler du déroulement de l’enquête, se contentant simplement de saluer la posture «républicaine» de Sall, «parce que dans certains pays quand tu es frère du président, tu ne daignes même pas répondre à une convocation des enquêteurs».Pour rappel, l’affaire Petro Tim, qui a pendant longtemps défrayée la chronique, a été déclenchée par l’ancien président Abdoulaye. Ce dernier, au plus fort des manifestations de l’opposition pour la libération de son fils, Karim Wade, avait accusé le président Macky Sall d’avoir «offert» 30% des parts de Petro Tim Sénégal, société qui détient des permis d’exploration pétrolière au nord du Sénégal, à son frère Aliou Sall, par ailleurs maire de Guédiawaye, l’une des grandes communes de la banlieue dakaroise.«Je n’ai aucune action, la minime soit-elle, dans la société Petro Tim Sénégal ou celle dénommée Petro Tim Limited (…) Je ne suis actionnaire dans aucune société pétrolière au Sénégal ou à l’étranger», avait démenti Aliou Sall, annonçant par la même occasion une plainte pour diffamation contre l’ancien président.Toutefois, Sall avait reconnu qu’en 2011, alors qu’il était ministre conseiller et chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal à Pékin, avoir servi d’intermédiaire à un homme d’affaires chinois pour obtenir des permis d’exploration pétrolière au Sénégal.L’autre dossier sur lequel l’OFNAC a aussi ouvert une enquête concerne l’affaire Lamine Diack du nom de l’ancien président de l’IAAF poursuivi par la justice française pour corruption. Nafi Ngom Keïta informe qu’en dehors de l’enquête menée par la justice française, l’OFNAC s’est autosaisie du volet financement de la campagne électorale de 2012 au Sénégal.Lamine Diack avait avoué aux enquêteurs français, d’après des extraits de procès verbaux publiés par la presse, avoir financé l’opposition en 2012 avec l’argent de la corruption. «On a entamé les auditions et on va convoquer tous ceux qui doivent être entendus dans cette affaire», promet la patronne de l’OFNAC, invitant les acteurs politiques à répondre aux convocations qui leur seront adressées afin d’aider à faire jaillir la lumière pour laver l’honneur du Sénégal dans cette affaire.Concernant le rapport d’activité proprement dit, qui sera transmis au président de la République comme le prévoit la loi, Mme Keïta mentionne que, depuis son installation, l’OFNAC a traité 320 plaintes, dont 50 dossiers rien que sur le foncier. «Nous avons examiné l’origine de ces plaintes, leur objet, les structures étatiques concernées…», explique Mme Keïta. Certains dossiers ont été transmis à la justice.
Le 25/05/2016 à 10h53