C’est une règle désormais bien connue. Les lendemains de fête, très peu de Sénégalais vont au travail. Ceci est particulièrement vrai pour la Tabaski. Pourtant, le lendemain de la fête n’est pas un jour férié, encore moins le surlendemain.
«Hier, jusqu’à 16 heures, j’étai seul au bureau», explique Diouf, employé dans une entreprise parapublique. Samb, comptable dans une société privée fait aussi partie des rares à reprendre le travail dès le lendemain de la Tabaski. Même s’il «comprend» le fort absentéisme au travail enregistré les lendemains de la Tabaski. Il faut dire que Diouf et Samb font partie des «rares» travailleurs à passer la Tabaski à Dakar.
En effet, beaucoup de travailleurs quittent Dakar la veille pour aller passer la fête en famille dans leurs localités d’origine à l’intérieur du pays. Et avec les problèmes de transport, difficile de regagner facilement Dakar. Samb estime que, compte tenu des réalités locales, c’est impertinent que de déclarer férié le seul jour de la Tabaski. «Comment voulez-vous que quelqu’un qui passe la fête à l’intérieur du pays puisse revenir le jour J ou le lendemain avant 8 heures sur Dakar pour regagner son poste ? C’est impossible», estime Samb.
L’autre raison tient peut-être à la nature de la fête du mouton. En effet, c’est un jour pendant lequel les Sénégalais consomment beaucoup de viande. Et il n’est pas exagéré de dire que beaucoup se retrouvent victimes du fameux "coup de corne", la revanche du bélier.
Pour toutes ces raisons, Samb pense que l’Etat serait bien inspiré de déclarer trois jours fériés : la veille, pour permettre à ceux qui veulent quitter Dakar de rallier leurs localités, le jour de la Tabaski, et le lendemain pour permettre aux travailleurs de regagner leur lieu de travail. En contrepartie, le gouvernement pourrait «rogner» sur les autres jours fériés «moins importants».
D’ailleurs, cette proposition (de trois jours fériés pour la Tabaski) vient d’être formulée par Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire de la majorité à l’Assemblée nationale. Le patronat, sans rejeter cette proposition, demande des «clarifications».
Ce que redoute le patronat –et sans doute le gouvernement– c’est que cette proposition ne serve qu’à favoriser la bamboula au lieu de régler un problème concret. Etant entendu que les gens trouveront toujours le prétexte d’ajouter un ou deux jours supplémentaires.
Ce qui est sûr, c’est que durant la semaine qui suit la Tabaski, la productivité est à son plus bas niveau, surtout dans l’administration. Mais aussi dans les autres secteurs. Plusieurs commerces restent ainsi fermés pendant au moins une semaine. Même le secteur informel n’échappe pas à la règle. Il faudra attendre deux semaines voire un mois pour voir la capitale sénégalaise se repeupler de ses fameux marchands ambulants et autres vendeurs à la sauvette.
Le lendemain de Tabaski rime aussi avec immondices et ordures dans les rues de Dakar. Hier, les services chargés de la collecte et de la gestion des ordures ménagères, ont annoncé avoir collecté 2.000 tonnes de déchets dans les rues de la capitale.