Le président sénégalais a procédé, hier mardi 4 octobre 2016, dans les locaux de la Direction de l’automatisation du fichier (DAF) du ministère de l’Intérieur, au lancement effectif du processus de confection de la nouvelle carte d’identité biométrique CEDEAO.
Le Sénégal devient ainsi le premier pays à mettre en œuvre cette décision adoptée lors de la dernière session des chefs d’Etat de la CEDEAO. Cette carte – dont les spécifications en matière de sécurité et de sûreté et les informations principales qui doivent y figurer ont été définies par la CEDEAO – est valable sur l’ensemble de l’espace communautaire. Ce qui fait dire à Macky Sall qu’à travers cette carte, nous venons de passer «de la CEDEAO des Etats à la CEDEAO des peuples».
Il s’agit d’une carte multi-usages. Elle sert à la fois de carte d’identité et de carte d’électeur. Selon le président Sall, elle préfigure déjà l’e-gouvernance où, avec la seule carte d’identité, le citoyen pourra non seulement payer un certain nombre de services, mais aussi avoir des informations médicales sur la personne, ainsi que d’autres applications de sûreté monétique. Elle pourra ainsi fournir de précieuses informations aux autorités en matière de sécurité. «L’innovation technologique est telle qu’avec cette nouvelle carte biométrique, aucune falsification n’est possible», se félicite le chef de l’Etat sénégalais.
Un marché controversé de 50 milliards de Fcfa (800 millions d'euros)
Il a aussi défendu le choix de IRIS Corporation Berhad, la société malaisienne chargée de la confection des nouvelles cartes. «C’est une entreprise connue dans le monde entier et qui, depuis 2007, faisait, au Sénégal, des passeports biométriques», explique Macky Sall.
Toutefois, certains s’interrogent déjà sur les conditions d’attribution de ce marché de 50 milliards de FCFA à la société malaisienne épinglée, en 2011, dans le rapport de la Cour des comptes. «Nous voulons savoir dans quelles conditions ce marché a été attribué aux Malaisiens. Dans un souci de transparence, nous demandons au gouvernement de publier le contrat le liant à cette société», écrit, dans un communiqué, la Coalition «Jubbanti Senegaal», un parti d’opposition.
Selon "Jubbanti Senegaal", qui cite le rapport de la Cour des Comptes en question, l’Etat sénégalais avait payé, de 2004 à 2007, un montant annuel de 5,9 milliards de FCFA à IRIS, alors que la valeur des passeports produits chaque année équivaut en moyenne à 1,2 milliard de FCFA. Ce qui n’est pas sans rappeler l’affaire Bictogo.