Sénégal: un chef religieux musulman sera jugé pour "injures" contre la religion

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Le 10/10/2016 à 15h49, mis à jour le 10/10/2016 à 15h54

Malgré ses excuses, Cheikh Mbacké Sakho, jeune chef religieux sénégalais qui a critiqué les puissantes confréries religieuses musulmanes du pays sera jugé mardi pour "injures" contre la religion. Le Sénégal, pays laïc et réputé tolérant, est caractérisé par la puissance de ses confréries.

Dans une vidéo diffusée il y a quelques jours sur internet, Cheikh Mbacké Sakho, un chef religieux résidant dans la banlieue de Dakar, a critiqué les chefs religieux du Sénégal, les accusant de faire du "business" avec la religion et de "tromper" les fidèles.

Il visait surtout les chefs religieux mourides, une des plus puissantes confréries au Sénégal, les accusant de s'être détournés de la voie du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba.

Cheikh Mbacké Sakho avait ensuite présenté ses excuses dans une autre vidéo, sous la contrainte de fidèles mourides dont certains, selon les médias, voulaient le lyncher.

Déféré au parquet de Dakar le 3 octobre, puis arrêté et entendu plusieurs fois, il a bénéficié d'une liberté provisoire vendredi, selon la même source judiciaire.

Il sera "jugé mardi en flagrant délit pour injures commises par le biais d'un système informatique. Ce sont des injures qui ont trait à la religion", a-t-on précisé.

Le Sénégal, réputé pour sa tolérance religieuse, est peuplé à plus de 90% de musulmans, appartenant pour la plupart à diverses confréries, très influentes dans la vie politique et sociale, dont les Mourides et les Tidjanis.

Pour rappel, en janvier 2016, une caricature publiée par Jeune Afrique avec une photo de Cheikh Ahmadou Bamba avait suscité une vague de protestations dans ce pays, poussant l'hebdomadaire français à supprimer de son site internet le dessin et le texte qu'il illustrait.

Le gouvernement avait alors exprimé "la désapprobation, la colère de la communauté mouride, et au-delà, de tous les Sénégalais", qualifiant Cheikh Ahmadou Bamba de "symbole national".

L'Etat "prendra toutes les dispositions nécessaires pour la protection de nos figures historiques, le respect de nos valeurs et convictions religieuses", avait-il prévenu.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 10/10/2016 à 15h49, mis à jour le 10/10/2016 à 15h54