Une étude menée par Timbuktu Institute-African center for peace studies a essayé de cerner «les facteurs de radicalisation et la perception du terrorisme chez les jeunes de la grande banlieue dakaroise».
Se basant sur un échantillon de 300 personnes âgées entre 18 et 35 ans (54% de femmes et 46% d’hommes) habitant les localités de Pikine, Guédiawaye, Keur Massar, Tivaouane Peulh, l’enquête a montré que 54% de la population sondée sont prêts à organiser un référendum pour l’application de la Charia au Sénégal.
Il faut quand même relever ici une contradiction, puisque 81,7% des enquêtés sont également favorables à la conservation du système politique laïc actuel. De quoi se poser des questions sur le degré scientifique de l’étude?
L’étude fait aussi état de 25 jeunes sur les 300 sondés qui sont concernés par le radicalisme. Cependant, l’étude ne donne pas une définition fixe de ce terme. Les sondés eux-mêmes n’ont pas la même compréhension de ce terme : «fantasme» ou «excès de croyance» pour les uns, «imposition d’un seul modèle religieux» ou «la Charia comme unique loi légitime» pour les autres.
Tout compte fait, d’après l’étude, 8,3% de ceux qui ont répondu au questionnaire se disent «prêts» à s’engager dans un groupement qui défend la cause de l’islam «radical». Au final, 7 personnes/300 (3 femmes et 4 hommes) seraient prêtes à se faire enrôler dans un mouvement djihadiste. Ces personnes sont essentiellement motivées par la «défense de l’islam», d’après les enquêteurs.
L’étude révèle aussi un fort sentiment de rejet (à plus de 85%) du système éducatif national et des autorités publiques. En effet, seuls 0,7% des sondés font confiance aux maires pour régler leurs problèmes. En revanche, 18,7% des jeunes font confiance à l’imam (et 51,7% aux parents) pour régler leurs problèmes et 37,7% considèrent l’imam comme une référence.
Finalement sur les causes de cette «radicalisation» d’une partie de la jeunesse des banlieues dakaroise, les auteurs de l’étude citent : le chômage (36% des sondés se déclarent sans emploi), la précarité, la pauvreté ou encore l’exclusion. L’étude parle de «malaise» et de «sentiment de marginalisation» pour l’élite formée dans le système d’enseignement arabe.
En guise de recommandation, les auteurs de l’étude invitent l’Etat à «prendre des mesures urgentes afin de résorber le chômage des jeunes, en assurant de manière égalitaire une éducation inclusive susceptible d’offrir des débouchés professionnels adéquats, et de combattre les injustices socio-économiques sous toutes leurs formes afin d’éviter certaines frustrations récupérables par les mouvements radicaux ou recruteurs djihadistes».