Après la marche «avortée» ou «réprimée» (selon le camp où on se situe) de l’opposition du 14 octobre, chaque partie tire son bilan. Pour l’opposition, ce premier rassemblement depuis la mise sur pied de «Mankoo Wattu Senegaal» (Front pour la défense du Sénégal) constitue «une grande victoire, parce que les populations étaient sorties en masse pour protester contre la gestion nébuleuse du pétrole et du gaz».
«Il s’agi(ssait) du premier jalon d’une réorganisation et d’une réappropriation de ses droits par l’opposition», a expliqué Ousmane Sonko, leader de la formation PASTEF/Les patriotes (opposition) lors d’un rassemblement ce week-end à Thiès. Mais pour le pouvoir, la marche de vendredi est carrément un «échec» des opposants.
Le président Macky Sall, lui, regrette l’image que donnent du Sénégal ces scènes (de répression d’une manifestation pacifique) indigne d’une grande démocratie comme le Sénégal. «Il faut éviter de telles scènes qui ne donnent pas une bonne image de notre pays. Je pense qu’il faut que les gens apprennent à respecter la légalité républicaine (et) sincèrement cette marche ne devrait pas dégénérer», a confié le président sénégalais à ses proches collaborateurs, selon des propos rapportés par le quotidien «L’Observateur».
Pour tourner la page, le pouvoir a libéré, ce dimanche, les 5 manifestants arrêtés lors de la marche de l’opposition. L’image de l’arrestation spectaculaire de l’un d’eux (Guy Marius Sagna du collectif «Non aux APE») avait fait le tour du web et symbolisé à elle seule la répression policière.
Visiblement désireux d’éteindre le débat autour des contrats pétroliers, devenu le principal argument de ses opposants, Macky Sall démarre aujourd’hui une tournée économique à vocation agricole à l’intérieur du pays. Ce périple qui va le conduire dans trois régions (Kaolack, Kaffrine et Tambacounda) va non seulement permettre au président sénégalais de renouer avec sa «politique de proximité avec le monde rural» qui, jusque-là, a porté ses fruits électoraux, mais aussi d’occuper l’agenda médiatique.
«Ce déplacement permettra au chef de l’Etat d’apprécier le niveau de réalisation des investissements engagés depuis 2012 dans ces localités. Il saisira cette opportunité pour communiquer avec les populations de ces régions», explique le communiqué du pôle de communication de la Présidence.
Une bonne vieille recette qui marche toujours… depuis Senghor.