Alors que la ministre de la Santé a réagi en annonçant des mesures d’urgence par rapport au scandale lié à l’absence de machine de radiothérapie, les lanceurs d’alerte et les représentants de la société civile maintiennent la pression. La première réaction recueillie par le360 Afrique vient d’Amnesty international.
"Je pose la question aux experts médicaux. Combien de temps faut-il pour acquérir et mettre en service un appareil de radiothérapie", s’interroge Seydi Gassama secrétaire exécutif de la section sénégalaise de cette ONG. "Les évacuations sanitaires [que propose la ministre de la Santé, NDLR] à l'étranger sont coûteuses et l'Etat ne pourra pas envoyer tous les malades [à l’étranger]. Des décisions devront être prises qui soulèveront des contestations et des polémiques dont l'Etat pourrait bien se passer. S'il est vrai que les crédits existent dans le budget de l'Etat, il est mieux que cet appareil soit acheté et installé immédiatement".
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Au Sénégal, tout le monde à le sentiment qu’il faut des victimes, de la souffrance exposée sur la place publique et que certaines langues se délient pour que les autorités réagissent. Il a fallu que la majorité des sénégalais montrent leur indignation que les autorités interviennent. C’est le «médecin après la mort», affirme Ousmane Sané dont la femme est atteinte d’un cancer du sein et que "l’absence de planification dans la politique de l’Etat exaspère".
Quoi qu’il en soit "les malades du cancer vont avoir à leur disposition une machine de radiothérapie courant 2017", a affirmé Awa Marie Coll Seck dans un communiqué. Elle a promis de mettre en place "un comité de gestion de la radiothérapie composé des spécialistes et des responsables du matériel".
Il est chargé "d’examiner l’appareil défectueux et de le changer par la suite", a-t-elle indiqué dans le même communiqué. «L’État a mobilisé dans son budget la somme de 3 milliards 600 millions de francs CFA pour le remplacement de cet appareil en procédure d’urgence», toujours selon la ministre. Deux autres appareils serait également en cours d’acquisition courant 2017 pour équiper l’hôpital Dalal Jamm. Avec le soutien financier de la République de Corée, un centre d’oncologie est également en cours de mise en place. «L’étude de faisabilité est déjà terminée», précise toujours le communiqué.
En attendant la finalisation de ces projets, les malades du cancer initialement traités à l’hôpital Le Dantec vont bénéficier d’une assistance pour être suivis dans des pays comme la Mauritanie, le Mali et le Maroc.
Le ministère va mobiliser tous les services concernés afin qu’ils prennent les mesures nécessaires au programme de suivi des malades dans la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie. « Le ministère de la Santé et de l’action sociale se dit du reste très sensible à cette épreuve que traversent les malades du cancer.
Interpellés l’annonce du ministère de la Santé, Seydina Oumar Bâ qui avait le premier à lancer l’alerte sur internet réagit. « Je suis ravi de la réaction de l’Etat, qui bien que tardif, permet de trouver une solution à cette situation qui perdurent depuis des années », s'est-t-il réjouit. Toutefois notre interlocuteur met un bémol. « Je regrette que l’Etat attende l’indignation de nombreux Sénégalais» a-t-il ajouté. «J’ose espérer qu’au-delà de l’acquisition d’une machine, nos autorités investiront dans un large programme de prise en charge des malades qui intègre la formation dans le domaine du cancer», insiste-t-il.
Les propos de Mouhamadou Barro, Haut Conseil de Collectivités Territoriales vont également dans le même sens sauf que lui se pose la question de savoir « pourquoi ces lenteurs administratives dans l’exécution des programmes et projets vitaux».