Le polémiste français d'origine béninoise Kémi Séba, expulsé mercredi du Sénégal pour "menace grave à l'ordre public", est arrivé jeudi en France, a-t-on appris de source aéroportuaire.
Il a atterri jeudi matin à l'aéroport d'Orly (Val-de-Marne), où un comité d'accueil d'une vingtaine de personnes l'attendait, selon la même source.
Militant de la cause noire plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine raciale, Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Capochichi, avait brûlé publiquement le mois dernier un billet de 5.000 francs CFA (7,6 euros) pour protester contre la "Françafrique".
Agé de 35 ans, l'ex-leader de la Tribu Ka, groupuscule dissous en 2006 en France notamment pour antisémitisme, avait été interpellé à son domicile de la capitale sénégalaise le 25 août.
Après avoir passé cinq jours en détention préventive, Kémi Séba et un membre de son mouvement, Urgences panafricanistes, poursuivi pour complicité pour lui avoir fourni un briquet, avaient été relaxés le 29 août par la chambre des flagrants délits du tribunal de première instance de Dakar.
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Le parquet de Dakar a fait appel de ce jugement et Séba devait être rejugé à une date qui n'a pas été indiquée, a affirmé mardi à l'AFP une source judiciaire.
Dans un communiqué conjoint, trois ONG - la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) et Amnesty International Sénégal - s'étaient dites "surprises" par la décision d'expulser Kémi Séba. Ces trois associations "dénoncent ce procédé tout à fait arbitraire qui viole le droit au recours prévu pour les personnes visées par des arrêtés d'expulsion". Elle avaient demandé au gouvernement de "surseoir" à l'expulsion de Kémi Séba.
Installé au Sénégal après plusieurs démêlés judiciaires en France, Séba mène depuis quelques années une fronde contre le franc CFA, monnaie garantie par le Trésor français et rattachée à l'euro par une parité fixe.
Il estime que ce moyen de paiement avantage la France, ancienne puissance coloniale, et nuit aux intérêts des 14 pays africains où elle est utilisée.