Vidéo. Sénégal: terroristes algériens, obus trouvé à Dakar... la police s'explique

La police sénégalaise a été obligée de rassurer la population sur le risque de terrorisme.

La police sénégalaise a été obligée de rassurer la population sur le risque de terrorisme.

Le 25/10/2017 à 11h30, mis à jour le 25/10/2017 à 13h20

VidéoTerroristes algériens interpellés au Sénégal, citoyen malien arrêté à Rosso, obus trouvé sur le littoral dakarois avec tout son système de mise à feu... Face à la psychose qui s'est emparée du Sénégal, la police s'explique.

Considéré depuis longtemps comme cible privilégiée des djihadistes, le Sénégal a jusqu'ici échappé aux attentats qui ont touché les capitales de la sous-région, notamment Abidjan, Bamako et Ouagadougou.

Cependant, depuis quelques jours, la peur s'installe, surtout depuis la mise en garde de l'ambassade des États-Unis et la diffusion d'informations diverses sur l'arrestation de présumés djihadistes. Face à tout ce raffut, la police a tenu à s'expliquer. 

Contrairement à l’information publiée dans la presse, selon laquelle un supposé djihadiste malien arrêté à Rosso, en provenance de la Mauritanie, avait des explosifs sur lui, la police a expliqué que l’individu en question avait été interpellé par les services de la direction de la police de l’air et des frontières dans le cadre de leur mission de sécurisation des frontières.

«Au moment de son interpellation, le citoyen malien ne détenait par-devers lui qu’un passeport, une carte d’identité consulaire et un permis de conduire malien. Aucune arme de quelque nature que ce soit n’a été trouvée sur lui», précise la police sénégalaise.

Dans son communiqué, la police révèle qu’il a déclaré séjourner en Mauritanie depuis plus d’une dizaine d’années. Et, toujours selon la police sénégalaise, lorsqu’il a été interpellé sur les motifs de son arrivée sur le territoire sénégalais, il a laissé entendre qu’il voulait juste se «conformer à la législation mauritanienne qui voulait qu’il sorte du pays au bout de trois mois de séjour et y retourner avec sur son titre de voyage (passeport), l’apposition du cachet Entrée». Toutefois, son permis de conduire étant faux et son attitude suspecte, il a été transféré aux services de la direction de la police judiciaire, «pour une enquête plus approfondie».

Pour le moment, les enquêtes menées par la division des investigations criminelles, en collaboration avec d’autres services compétents, sous les ordres du procureur de la République, près le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, n’ont montré aucun lien de ce monsieur avec un mouvement terroriste.

Ensuite, troublante coïncidence, c’est à Rosso, à la frontière du Sénégal avec la Mauritanie, que deux Algériens, proches du groupe État islamique et jusque là inconnus des renseignements généraux sénégalais, ont été arrêtés le 9 septembre. En juin dernier, ces deux individus avaient été expulsés de Turquie pour atterrir dans la capitale sénégalaise.

Même si la police sénégalaise n’en avait pas parlé, il y avait eu un sérieux problème de coordination entre elle et les policiers turcs. Ces deux Algériens ont circulé librement au Sénégal bien que la police du pays ait été avertie. Après avoir passé 10 jours au Sénégal, ils se sont rendus en Mauritanie.

Consciente du danger, la police sénégalaise s’est lancée à leurs trousses. Et septembre, les deux individus ont dû revenir sur le territoire sénégalais pour se conformer à la législation mauritanienne. Lors du contrôle des empreintes à Rosso, ils ont été appréhendés.

Enfin, il y a l'histoire de cet obus de plusieurs dizaines de kilos en parfait état, retrouvé par hasard sur le littoral dakarois. On est à quelques encablures des plus grands hôtels de la ville et l'objet a forcément été déposé là par plusieurs personnes, «un seul individu aurait été incapable de l'y déposer», selon les explications de la police. Celle-ci ajoute que le bord rocheux de la côte empêche tout bateau de s'approcher et d'y déposer quelque chose. Mystère donc. Une chose est sûre, l'obus possédait encore tout son dispositif de mise à feu. Il a été désamorcé par les artificiers de la police et une enquête a été ouverte.

Quoi qu'il en soit, pour la première fois, les Sénégalais prennent conscience des risques terroristes. Une certaine psychose s'est installée, y compris dans la presse qui a tendance à en rajouter. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 25/10/2017 à 11h30, mis à jour le 25/10/2017 à 13h20