Les Sénégalais restent intraitables sur la question de la franc-maçonnerie. Prévues à Dakar les 2 et 3 février 2018, les 26e Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (Rehfram), qui font office de congrès continental des maçons, n’auront finalement pas lieu dans la capitale sénégalaise. Comme en 1992, cette assemblée devait traiter du thème: «Francs-maçons et franc-maçonnes d’Afrique et de Madagascar, quel modèle économique et social pour le progrès de nos sociétés: libertés, éducation, gouvernement".
Conscients de l'attachement des Sénégalais à la religion, la puissante organisation avait opté pour la discrétion en réservant au King Fahd Palace sous le faux nom de "Fédération Cœurs ouverts". N’eut été la découverte d’une affiche montée au Cameroun montrant le Monument de la renaissance africaine, la supercherie serait passée.
Alerté par les réseaux sociaux, le directeur du King Fahd, Pierre Mbow, a fait des recoupements pour en arriver à la conclusion que les Francs-maçons voulaient abuser de sa confiance. Convaincu que l’affiche aperçue au Cameroun faisait la promotion de l'évènement prévu dans son établissement, Pierre Mbow a annulé la réservation.
Le directeur a ainsi cédé à la pression de certains mouvements de la société civile proches des milieux musulmans, qui avaient même prévu d’envahir l'hôtel pour déloger les Francs-maçons dès l’ouverture du congrès.
L’histoire se répète. En 1985 déjà, une rencontre des Francs-maçons avait été interdite à Dakar sous la pression d’El Hadji Abdoul Aziz Sy, khalife général des Tidjanes de 1957 à 1997.