Sénégal: l'Etat ponctionne jusqu'à 150.000 Fcfa sur le salaire des enseignants grévistes

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Le 28/04/2018 à 17h24, mis à jour le 28/04/2018 à 17h26

Serigne Mbaye Thiam ordonne une ponction de 95 000 à 150 000 Francs (1500 à 2500 dirhams) sur le salaire du mois d’avril des enseignants grévistes. Le ministre de l’Education nationale est plus que jamais engagé dans un bras de fer avec les syndicats d’enseignants.

Un conflit entre l’Etat et les professionnels de la craie regroupés au sein d’un collectif dénommé « G6 » qui persiste à quelques jours de la Fête du travail célébrée le 01 mai de chaque année.

En effet, endossant le large costume du « justicier »le ministre de l’éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam a ordonné une ponction allant de 95 000 à 150 000 CFA (entre 142,8 et 225,5 euros) sur les salaires du mois d’avril de tous les enseignants ayant déserté les classes. L’information est donnée par Papa Mbadou Sow, professeur au Lycée Samba Dione de Gandiaye, une commune située à 25 kilomètre au nord-ouest de la ville de Kaolack (centre du pays).

«Les enseignants sont avertis: en guise de cadeau de fête du travail, l’Etat du Sénégal a ponctionné nos salaires à hauteur du tiers (95.000 à 150 .000 FCfa). Il faut que nous sachions que le gouvernement ne nous prend pas au sérieux», peut-t-on lire sur son compte Facebook.

Révélation confirmée par un haut responsable de la Direction de la Solde, qui précise que tous les enseignants n’ont pas subi les mêmes sanctions au niveau de leurs salaires. La même source précise que l’origine de ces prélèvement c’est le ministère de l’éducation nationale.. A noter que depuis plusieurs mois, l’Etat du Sénégal et le G6 entretiennent un véritable dialogue de sourds.

Ce bras de fer, préjudiciable aux enfants, avenir de la nation, a fini d’installer une vraie paralysie de l’école sénégalaise. Les syndicats pestent contre les conditions «Le salaire et l’indemnité, le tout réuni, ne permettent pas à l’enseignant de vivre de façon décente et cela impacte sur la qualité de l’enseignement».

Les doléances des grévistes portent sur la hausse de l’indemnités de logement, qui est actuellement de 60 000 Fcfa (90,2 euros), et qu’ils voudraient porter à 100 000 Fcfa ( 150,3 euros). Les enseignants exigent également le respect, par l’Etat du Sénégal, du protocole d’accord en plusieurs points, signé en 2014. Du côté du gouvernement, après la hausse de 25 000 FCFA (37,5 euros), déclarée par le président Macky Sall, on durcit désormais le ton.

Illustration avec ces propos du ministre de l’éducation nationale, Serigne M’Baye Thiam «Il arrivera un moment où on sera obligé de prendre nos responsabilités». Avec cette ponction ordonnée sur les salaires des enseignants grévistes, il vient de mettre ses menaces à exécution. Une décision qui a toutes les chances d’être mal prise par les syndicats.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 28/04/2018 à 17h24, mis à jour le 28/04/2018 à 17h26