Le bilan de l'intervention musclée des gendarmes contre des étudiants de l’université Gaston Berger de Saint-Louis s’est alourdi. Alors que le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avait annoncé un seul mort et une vingtaine de blessés, un autre étudiant, grièvement blessé par les tirs à belles réelles de gendarmes, vient de succomber à ses blessures. Cette mort porte à deux le nombre d’étudiants victimes de la violence des forces de l’ordre à l’UGB.
La triste nouvelle est tombée ce matin du 15 mai, à l’Université Gaston Berger. Mouhamadou Fallou Sène, étudiant en 2e année, a été mortellement touché par balle lors de la répression de la manifestation de mécontentement de ses collègues. De source hospitalière, un autre étudiant, dont le nom n’a pas encore été révélé, vient de succomber à ses blessures. Il était admis à l’hôpital régional de Saint-Louis suite à de graves blessures.
Cette manifestation des étudiants fait suite au retard des bourses qui devaient être payées depuis le 5 mai courant. Et pour exprimer leur ras-le bol devant cette situation récurrente, les étudiants avaient décrété un mot d’ordre de journées sans ticket (restauration gratuite au campus). Les responsables du Centre régional des œuvres universitaires de Saint-Louis (Crous) ont alors fait appel aux gendarmes qui sont venus réprimer ce mouvement d’humeur des étudiants.
Informé de la situation, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Aly Ngouille Ndiaye, a réagi sur les ondes de la Rfm. «Nous regrettons l’incident survenu aujourd’hui à Saint-Louis. Depuis plusieurs jours, il y a quelques difficultés (sic) au niveau de l’Université Gaston Berger. Ce mardi, elles ont atteint leur paroxysme, et il y a eu des échauffourées entre les forces de sécurité et les étudiants. Des affrontements qui ont fait une vingtaine de blessés dont 18 gendarmes. L'un d'eux se trouve présentement dans un état un peu critique. Il y a aussi un étudiant qui est décédé à la suite de cet incident», a-t-il soutenu.
Mais là où le ministre de l’Intérieur s’est trompé, c’est qu’il ne s’agissait pas «d’affrontements» mais plutôt d’une répression de la manifestation des étudiants par les forces de l’ordre. Car pour parler «d’affrontements», il fallait que les deux forces en présence soient égales, car les gendarmes ont violé le campus universitaire munis d’armes à feu et de grenades lacrymogènes. «Pas plus tard qu’hier, j’en ai parlé avec le ministre du Budget pour régler cette question des bourses. Mais malheureusement, les étudiants voulaient manger dans les restaurants sans présenter de tickets. Ce qui a motivé l’appel par l’autorité de l’Université aux gendarmes pour préserver les investissements faits par les privés», a continué Aly Ngouille Ndiaye.
Mais là également, il y a lieu de se poser la question de savoir si le fait de préserver les investissements faits par les privés mérite qu’on tue deux étudiants et en blesse plusieurs? Apparemment les étudiants ont répondu à cette question en faisant monter les enchères. Aux dernières nouvelles, ils s’en sont pris au domicile, à Saint Louis, du ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane.