Sénégal: le centre national de transfusion sanguine s’est vidé de son sang

Poches de sang pour transfusion. dr

Le 26/06/2018 à 15h52, mis à jour le 26/06/2018 à 16h30

La pénurie de poches de sang s’accentue au Sénégal. Des malades admis dans les structures de santé risquent la mort en attendant les donneurs.

Le Docteur Dakhouba Traoré Diallo, chef du service de promotion du don de sang au Centre national de transfusion sanguine, craignait une pénurie de sang. Il ne s'était pas trompé. 

Depuis quelques semaines, les poches de sang font cruellement défaut dans les structures de santé. La situation est d’autant plus préoccupante que, faute d’être transfusés à temps, des patients perdent chaque jour la vie.

Le paradoxe est frappant. Chaque année, les dons de sang augmentent de manière considérable au Sénégal. Et, malgré la hausse du nombre de donneurs, le sang collecté ne satisfait pas la demande annuelle nationale de 150.000 poches. Selon les chiffres du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), 52.400 dons de sang ont été enregistrés en 2011 et 88.905 en 2017.

Ce gap entre les dons et les besoins met très souvent les malades dans une situation désespérée. Les décès pour manque de sang se multiplient actuellement dans toutes les structures de santé. A Dakar, comme dans les régions, la transfusion sanguine par voie sécurisée demeure un véritable casse-tête pour les professionnels du secteur.

S'y ajoutent un déficit logistique et un manque d’organisation qui accentuent le problème dans plusieurs structures de santé, donnant lieu à une vraie spéculation dans la fourniture de sang aux malades. D’aucuns rapportent «qu’il arrive très souvent que, les parents des malades soient obligés de payer pour que ces derniers bénéficient d’une transfusion sanguine».

Il faut aussi compter avec la contamination de certaines poches de sang par des maladies, les rendant inutilisables. Selon le professeur Saliou Diop, directeur du Centre national de transfusion sanguine de l’hôpital Fann de Dakar, «13% du stock de sang est infecté à cause de l’hépatite B3».

Même si les informations concernant le gap entre les besoins réels des malades et l’offre disponible dans les banques de sang sont plus accessibles dans la capitale, les régions de l’intérieur sont plus touchées par ce phénomène. Dans la région de Matam, par exemple, sur une période plus ou moins courte, 50 cas de décès ont été enregistrés à la suite d’un accouchement difficile. L’espoir est toutefois permis, vu que le nombre de donneurs volontaires de sang augmente chaque année sur le territoire national.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 26/06/2018 à 15h52, mis à jour le 26/06/2018 à 16h30