Sénégal: le permis numérique, un retour déguisé du "permis à points"

Permis de conduire

Permis de conduire. dr

Le 11/08/2018 à 07h16, mis à jour le 11/08/2018 à 08h32

Les permis de conduire et cartes grises numérisés vont désormais remplacer les anciens documents de transports. L’Etat annonce un pas important vers la lutte contre les fraudes. Les transporteurs dénoncent un coup de bluff qui mènera aux permis à points.

Les détenteurs des anciens permis de conduire et cartes grises devront désormais les échanger contre des titres de transports numérisés. La cérémonie de lancement de cette campagne de renouvellement des documents de transport qui concerne les chauffeurs particuliers et professionnels, et les conducteurs de motocyclette a eu lieu ce week-end.

Pour prétendre au permis numérisé, les futurs titulaires devront déposer leurs anciens permis de conduire, une carte de groupe sanguin, un certificat de visite médicale, les droits de timbre. Les frais de confection du nouveau document de transport qui sont fixés à 10 000 francs Cfa (15 euros), sont à la charge de celui qui en fait la demande. La durée de validité du permis de conduire numériser est fixée à 10 ans pour les moins de 45 ans et à 5 ans pour les personnes âgées de 45 ans.

Le ministère des Transports terrestres, par la voix de Cheikh Oumar Gueye, directeur des Transpor, explique cette nouvelle mesure par «la volonté de l’Etat de fiabiliser le secteur et de lutter contre les faux documents». A terme, «tous les documents de transport, y compris les plaques minéralogiques, vont être numérisés», a-t-il déclaré. Cette mesure, selon lui, «va permettre de contrôler le nombre de véhicules qui circulent au Sénégal».

Toutefois, l’Union des travailleurs routiers du Sénégal n’est pas emballée par les nouveaux permis de conduire et cartes grises. «C’est un coup de bluff de la part de l’Etat qui veut progressivement instaurer des permis à points», dénonce Gora Khouma, le secrétaire général de l’Union des travailleurs routiers du Sénégal. 

«Ils savent que c’est actuellement risqué d’appliquer le permis à points parce qu’on est à l’approche des élections. C’est pourquoi, ils préparent le terrain pour y procéder après», a-t-il expliqué. Il qualifie d’injuste les 10 000 francs CFA fixés par l’Etat pour la confection des permis numérisés

«C’est une demande de l’État, donc cela devait être gratuit. Même la carte d’identité n’est pas payante. Personne ne se serait plaint si l’Etat avait exigé 10 000 FCFA pour les permis dont la validité a expiré», a dénoncé Gora Khouma.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 11/08/2018 à 07h16, mis à jour le 11/08/2018 à 08h32