La fête de la Tabaski, «Aïd el Kébir», tourne quelques fois au fiasco dans certains secteursd’activité. C’est ce qui est tristement arrivé à une bonne partie des éleveurs et bergers sénégalais. Nombre d’entre eux n’ont pu, cette année, écouler qu’une infime partie de leurs troupeaux. Venus de l’intérieur du Sénégal avec l’espoir de vendre un maximum de têtes dans les grandes villes du pays, ils vont devoir retourner en milieu rural avec plus de la moitié de leurs moutons.
L’amertume est aujourd’hui le sentiment le plus partagé chez ces éleveurs qui, après avoir engagé plusieurs dépenses liées au transport et aux taxes, se retrouvent avec des pertes. Ils déversent leur colère sur le ministre de l’Elevage, Aminata Mbengue Ndiaye qui, disent-t-ils, «en demandant au Mali et à la Mauritanie de fournir le Sénégal en ovins, à l’occasion de la Tabaski 2018, a porté un sérieux coup aux éleveurs sénégalais».
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Selon le directeur de l’élevage, Dame Sow, «ce sont quelque 50.000 à 60.000 moutons qui n’ont pas pu être vendus à l’échelle nationale». Pour pouvoir écouler leurs troupeaux, les bergers étaient obligés de vendre à prix cassés. Cette situation, assez rare au Sénégal, a fait les affaires des familles sénégalaises. Surtout quand on sait que, les pères et mères de familles étaient, les années précédentes, obligées de puiser dans leurs dernières économies pour acheter un mouton et offrir une bonne fête à leurs enfants.
«Cette situation inédite s’était produite au Sénégal entre 2014 et 2015», a expliqué le directeur de l’Elevage. «A Dakar, nous avons recensé un reliquat de 34.000 moutons entre le stade Léopold Sedar Senghor, les deux voies de Liberté 6, le foirail de la banlieue et le Seras. A l’intérieur du pays, nous avons enregistré beaucoup de tensions dans les régions du Sine. À Ziguinchor ville, nous avons comptabilisé plus de 2.239 moutons qui sont restés entre les mains des éleveurs. Même chose à Thiès où il a été enregistré plus 9.435 moutons invendus», di-t-il.
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Certains éleveurs refusent, malgré tout, «de vendre à 50.000 ou 60.000 francs Cfa (entre 75 et 90 euros), des moutons qui d’ordinaire coûtent 70 000 ou 80 000 francs Cfa (entre 105 et 120 euros)», lance ce berger venu de Matam. Il dit avoir dépensé, rien que pour le transport des moutons de Matam à Dakar, prés de 450 000 francs Cfa (676 euros).
L’autre alternative qui lui reste est donc de ramener son troupeau dans sa région natale. Seulement cette éventualité n’est pas sans risque car les pâturages pour nourrir les animaux manquent en cette période d’hivernage où les pluies se font très rares.
En choisissant de rester plus de temps à Dakar, ces bergers sont obligés d’acheter des sacs d’aliment pour le bétail. Là également, la spéculation fait rage en ce moment à cause d’une mauvaise pluviométrie. A cette difficulté, s’ajoutent les menaces venant des voleurs qui sont à l’affut et tentent de dérober des moutons, d’où l’urgence, selon les bergers, «d’une aide de l’Etat sur le plan sécuritaire».