"Jakarta", c'est le surnom des motos-taxis sénégalais qui permettent d'aller vite. Ils sont réputés bon marché. Désormais, tout ce qui se vend à faible prix peut être ainsi désigné. C'est le cas des dosettes d'alcool bon marché, désormais dénommées "Jakarta".
Cette dosette produite et mise dans une usine installée dans la ville de Thiès, puis revendue dans les bars à seulement 100 francs Cfa, vient d’ôter la vie à quatre jeunes adolescents. Leurs camarades, eux aussi consommateurs de «Jakarta» sont, quant à eux, entre la vie et la mort. Ce drame a eu lieu dans la commune des HLM, dans la capitale sénégalaise.
«La vente de sachets d’alcool dénommés Jarkata à 100 francs CFA fait des ravages dans la commune des Hlm. L’usage de cette boisson, très dangereux pour les adolescents, a fait quatre morts dans notre quartier. Et j’en ai vu d’autres, qui sont en phase terminale. Ils sont déjà morts, je peux dire», témoigne une habitante de cette commune.
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Très affecté par la perte de jeunes adolescents causée par la consommation de cet alcool, il regrette le fait que la débauche et l’insécurité élisent domicile dans sa commune.
«Ce quartier est classé rouge au niveau de la Préfecture. C’est l’une des localités les plus exposées. Et c’est comme ça qu'il y a eu la prolifération des bistros. Ce que j’avais identifié ne se limitait pas tout simplement au niveau des Hlm, mais de Cité Port à Sodida, il y avait 13 bistrots. Et parmi ces bistrots, celui des Hlm avait plus d’envergure. Parce que tu voyais des gens qui viennent des Niary Taly, Ben Tally Castor, Dieupeul. Et la moyenne d’âge est entre 13 ans et 18 ans. Et c’était rare que tu vois des vieux», révèle-t-il.
Plus inquiétant encore, selon ce témoin, les rares jeunes qui consomme du «Jakarta», et qui ont la chance d’échapper à la mort, deviennent des loques humaines.
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«Une situation inquiétante et qui devrait alerter les autorités, car à force d’en utiliser, cette dépendance ils arrivent en un moment ou le taux d'alcoolémie très élevé dans le sang, ces consommateurs rassemblent à des personnes échangées, ils sont pâles, et quand tu les vois, tu penses qu’ils souffrent d’anémie, tellement ils sont jaunes. Ils perdent du poids, ils n’ont plus le temps de se laver, ils sont sales, ils perturbent la quiétude des citadins», poursuit-il.
Cette boisson alcoolisée achetée, à prix cassé par de jeunes enfants dont la moyenne d’âge se situe entre 13 et 17 ans est maintenant vendue dans tous les bars des quartiers pauvres de Dakar et des autres viles du Sénégal.
Ce sont malheureusement les familles des enfants victimes de cette boisson alcoolisée qui en souffrent le plus.
Ces derniers se sont déjà plaintes auprès des autorités qui, jusqu’à présent, ont fait la sourde oreille.