Quand les militaires gambiens veulent humilier les agents des Eaux et forêts sénégalais

La massacre du 6 janvier serait lié à un vaste trafic de bois.

La massacre du 6 janvier serait lié à un vaste trafic de bois.

Le 28/04/2019 à 13h41

Des militaires gambiens ont failli en venir au mains avec des agents des Eaux et forêts sénégalais. Il a fallu l’intervention in extremis du commandant de la zone militaire n°6 pour éviter le pire.

Alors que le débat fait rage au Sénégal à propos du laxisme des autorités militaires et policières gambiennes sur le trafic du bois de la Casamance vers la Gambie, un incident a failli tourner au pire entre soldats et agents des Eaux et forêts des deux pays voisins.

En effet, le capitaine Diop, inspecteur régional des Eaux et forêts de Kolda (sud du Sénégal) effectuait une visite au niveau du nouveau poste de Mandat Douanes, vers le sud-est du pays, le mercredi 24 avril dernier.

En compagnie du lieutenant-chef de division du reboisement des Eaux et forêts de Kolda, il découvre une moto tricycle chargée de troncs d’arbres. 

Sommé de s’arrêter, le propriétaire de la moto s'est enfui pour se fondre dans la frontière sénégalo-gambienne, abandonnant ainsi son engin et son chargement.

Les agents des Eaux et forêts sénégalais, qui ont voulu embarquer la moto tricycle vers leur poste de commandement, se sont vu opposer un refus de la part des militaires gambiens qui ont voulu protéger le braconnier en fuite.

Comme si cela ne suffisait pas, les soldats gambiens ont tenté de ramener dans leur base, le chef de division de reboisement et son chauffeur.

Un échange très musclé s’est ensuivi entre bérets verts sénégalais et soldats gambiens qui ont saisi, sans raison, deux bérets et un ceinturon de l’inspecteur régional et du lieutenant chef de division de reboisement de Kolda.

Ce geste, apparemment anodin, est pourtant d'une certaine gravité aux yeux des agents sénégalais. En effet, le béret et le ceinturon sont justement les symbole de l'autorité publique dont ils sont investis. 

Témoin des faits, l’agent de renseignement gambien, de la National intelligence Agency (NIA) rattaché directement à la présidence, a voulu arrondir les angles entre les deux parties. Mais c’était sans compter avec l’entêtement des militaires gambiens décidés à rejoindre leur base avec les deux bérets et le ceinturon, en tant que trophées.

Informé de la situation, le commandant de la zone militaire n°6 de Kolda s’est rendu à la frontière, en compagnie du chef de corps de bataillon, pour discuter avec le commandant gambien.

Les militaires gambiens se sont finalement résolus à rendre les deux bérets et le ceinturon, après plusieurs heures de négociations.

De tels incidents arrivent très souvent dans cette partie qui sépare le Sénégal et la Gambie. Et le pire peut survenir à tout moment.

Précisons enfin que la majeure partie, soit près de 9 sur 10, des pilleurs de la forêt casamançaise arrêtés à la frontière avec la Gambie sont des Sénégalais qui veulent profiter de trafic illicite de bois de qualité.

Les militaires gambiens tentent toujours de protéger ces braconniers pour, par la suite, acheter leur butin acquis de manière illégale.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 28/04/2019 à 13h41