Tout est parti de l’arrestation en début octobre de plusieurs agents de l’aéroport International Blaise Diagne. Les gendarmes qui suivaient depuis des mois les agissements de certains «convoyeurs» ont frappé au cœur de leur organisation chargée de conduire, depuis Dakar, des migrants sur la base de faux documents en complicité avec des agents de contrôle qui fermaient les yeux sur ce scandale. Cette mafia, qui a débuté à l’Aéroport International Léopold Sedar Senghor, ne s’est pas arrêtée avec l’ouverture de l'AIBD. Trois contrôleurs et deux cerveaux présumés, qui fermaient les yeux sur de faux documents de voyage en échange d’argent, ont été arrêtés.
L’enquête menée depuis au moins trois ans a conduit les agents de la section de recherches à une descente à l’AIBD le 21 septembre dernier après plusieurs mois de filatures, de recoupements et de repérages.
Infiltrant discrètement la file d’attente des passagers devant embarquer pour la Guinée Conakry, au niveau du stand de la compagnie Air Sénégal, les gendarmes passent à l’acte lorsqu’un des passagers présente son passeport au service de contrôle, qui le déclare conforme pour enregistrement.
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Seulement, le document présenté ne devait pas lui permettre de voyager par l’aéroport. Par la suite, trois contrôleurs (Mamadou Diakhaté, Ibrahima Lô et Aly Emond Koné) ont été arrêtés. En vérité les mis en cause avaient reçu 2 millions pour fermer les yeux sur les faux documents présentés par un Sri Lankais qui devait transiter en Guinée, où les contrôles sont moins rigoureux et rejoindre la destination de son choix.
Deux autres personnes considérées comme le cerveau, et qui étaient chargés de confectionner les faux documents de voyage, ont été aussi interpellées. Seulement l’enquête qui s’est poursuivie semble montrer un degré d’implication plus important.
Sept policiers, dont des commissaires en activité, ont été entendus lundi par le doyen des juges. Pour l’instant, ils sont interrogés comme de simples témoins et aucune charge n’est retenue contre eux. En effet, dans cette affaire, le parquet a ouvert une information judiciaire pour association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, corruption passive, corruption de fonctionnaire, faux et usage de faux, trafic de migrants et contrefaçon de visas. Les mis en cause ont déjà été placés sous mandat de dépôt.
A signaler qu’au cours de son audition, l’homme considéré comme le cerveau de l’affaire a tenté de corrompre le boss de la section de recherche en lui proposant 2 millions de fcfa (environ 3000 euros). Ce dernier, qui a fait semblant de marcher, a eu une bonne raison de lui coller une infraction supplémentaire: celle de tentative de corruption d’un agent dans l’exercice de ses fonctions.