Sénégal. Coronavirus: le gouvernement refuse de les rapatrier, ses ressortissants reviennent quand même

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Le 04/02/2020 à 09h04, mis à jour le 04/02/2020 à 09h19

Le président Macky Sall vient de rejeter tout rapatriement des ressortissants sénégalais à Wuhan, mais selon un quotidien de la place, une dizaine d'entre eux est déjà de retour à Dakar depuis près d'une semaine.

Alors que le président Macky a déclaré hier mardi, que le Sénégal n'avait pas les moyens logistiques pour rapatrier ses ressortissants coincés dans la ville de Wuhan, épicentre de l'épidémie due au coronavirus, un quotidien de la place affirme que des résidents en Chine seraient de retour à Dakar depuis près d'une semaine.

Selon le journal Source A, une dizaine d’étudiants sont rentrés au Sénégal depuis quelques jours. Ils "ont débarqué mercredi à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) en provenance de la Chine", écrit-il.

Ils ont ensuite été pris en charge par le dispositif sanitaire déployé depuis plusieurs jours à l’aéroport. "Le lendemain, ils ont été conduits au service des maladies infectieuses de l’hôpital universitaire de Fann", souligne Source A.

Pour sa part, et selon le journal en ligne Emedia le chef de l'Etat sénégalais a affirmé :"j’ai une pensée très grande à l’égard de nos douze compatriotes qui vivent à Wuhan. Nous sommes en contact avec eux par le canal du ministère des Affaires étrangères et notre ambassade à Bejing".

Selon Macky Sall, "leur rapatriement requiert et demande une logistique tout à fait hors de portée du Sénégal. Puisqu’il faudrait des avions spéciaux qui puissent aller sur place. Il faudrait du personnel différent de celui des compagnies aériennes. Peut-être du personnel militaire. Et lorsque ces personnes reviendront, il faudra les mettre en quarantaine dans un lieu équipé en conséquence. Ce qui n’est pas le cas, pour le moment de notre pays".

Pourtant, le président semble contredit par les faits, dans la mesure où un simple vol commercial, qui plus est a transité par trois pays différents, a permis à un certain nobre de Sénégalais de revenir au bercail.

Selon le journal, les personnes concernées "vivent à Guanzhou", dont la capitale, Canton, est située à un millier kilomètres. Ils ont transité par "la Thaïlande, Nairobi et Bamako". Un véritable périple qui pose, évidemment, plusieurs questions.

En effet, les passagers qui ont étaient dans les mêmes avions que ces dix étudiants en provenance de Chine ont-ils bénéficié de la prise en charge sanitaire requise dans ce que l’OMS a qualifié "d’urgence internationale" ?

De même, les autorités des pays de transit savent-elles si oui ou non quel risque le personnel et les autres passagers ont encouru ? Oui répond le journal, mais uniquement concernant le Kenya. En effet, ils ont été ausculté par les services sanitaires à Nairobi et interrogés longuement, avant de réembarquer. Mais, tel ne semble pas être le cas au Mali.

Cette information est publiée le même jour où l’Association des étudiants sénégalais de Chine a diffusé un communiqué pour regretter l’absence de dispositif de rapratriement de leurs compatriotes basés à Wuhan, épicentre de l’épidémie.

Le gouvernement du Sénégal a néanmoins fait savoir leur avoir octroyé la somme de 1000 dollars chacun pour qu’il puisse subvenir à leurs besoins, tout en restant sur place, mais il est hors de question de les rapatrier.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 04/02/2020 à 09h04, mis à jour le 04/02/2020 à 09h19