Vidéo. Sénégal: la forêt de bois précieux pillée avec la complicité de la Gambie

La massacre du 6 janvier serait lié à un vaste trafic de bois.

La massacre du 6 janvier serait lié à un vaste trafic de bois.

Le 12/03/2020 à 10h29, mis à jour le 12/03/2020 à 10h33

VidéoLes Sénégalais pensaient que la chute du régime de Yahya Jammeh allait permettre de tourner la page des trafics en tous qu’il contrôlait pour son enrichissement personnel, les voilà qui découvrent avec stupéfaction que rien n’a réellement changé avec l’avènement d’Adama Barrow.

La chaîne britannique BBC vient de réaliser un reportage poignant sur le trafic de bois de rose du Sénégal en faveur de la Chine qui est responsable de la disparition d’une grande partie de la forêt casamançaise.

Au total, depuis 2017, quelque 300.000 tonnes de bois de rose, une essence prisée pour sa qualité et sa beauté, ont été exportées par la Gambie. Or, ce pays coincé à l’intérieur du Sénégal n’a plus de réserve exploitable pour les espèces précieuses comme le bois de rose ou le tek d'Afrique de l'Ouest. Un vaste pillage dans les années 1980 à 2000 a décimé la forêt gambienne.

Le reportage de BBC montre des dépôts de ce bois précieux tout au long de la frontière avec le Sénégal. Au total, 13 de ces lieux de stockage ont été identifiés et sont régulièrement alimentés par les trafiquants qui y acheminent des grumeaux venant du Sénégal.

Officiellement, la Gambie a mis fin à ce trafic et n’autorise plus l’exportation du bois de rose. Mais, en réalité c’est plus complexe, puisque quand les entrepôts sont remplis, les trafiquants réussissent toujours à obtenir une dérogation pour une durée d’un mois, le temps de les vider. A partir de là commence une nouvelle période de stockage qui peut durer quelques mois avec la prochaine dérogation.

Les responsables sénégalais comme gambiens sont au courant de ce massacre, mais rien n’est fait de concret pour y mettre définitivement fin. Peut-être parce qu’il rapporte des dizaines de millions de dollars à ceux qui en profitent, notamment les commanditaires.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 12/03/2020 à 10h29, mis à jour le 12/03/2020 à 10h33