Coronavirus. Sénégal: ni les touristes ni les Sénégalais de l'extérieur ne sont les bienvenus

Un patient pris en charge

Un patient pris en charge. DR

Le 12/03/2020 à 16h11, mis à jour le 12/03/2020 à 16h15

Au Sénégal, on est loin de la période oùles touristes avaient encore la cote et où les émigrés qui viennent en vacances, véritable poule aux œufs d'or, étaient accueillis en rois. La méfiance est partout et la Teranga semble avoir pris congé, en attendant que le coronavirus se calme.

Les Sénégalais résidant en Europe étaient les chouchous de leurs familles, durant leur période de vacances au pays. Mais désormas ni eux, ni les touristes qui étaient accueillis à bras ouverts pour leur portefeuille bien rempli ne sont plus les bienvenus. 

En effet, sur les six cas atteints de coronavirus que compte le pays, deux sont des fils du pays. Mercredi 11 mars, un Sénégalais résidant en Italie, rentré au pays depuis le 5 mars, a été testé positif au Covid-19. Entre-temps, il aurait même contaminé des membres de sa famille, notamment l'une de ses épouses. Trois autres personnes de son entourage sont supectées d'avoir contracté le germe de cette grippe. 

De même, si le deuxième patient testé positif est présenté comme un Français, il est bien sénégalais d'origine, mais à double nationalité. En temps normal, il aurait été présenté non pas comme un Français venu en vacance, mais juste comme un émigré sénégalais de retour temporairement dans sa famille. Ce franco-sénégalais était venu avec sa femme, elle aussi malade et actuellement sous surveillance à l'hôpital de Fann.

Mais contrairement au dernier cas venu d'Italie et habitant Touba, les membres de sa famille n'avaient pas été infectés. 

Quoi qu'il en soit, actuellement, beaucoup de personnes craignent que les Sénégalais de l'extérieur ne reviennent contaminer les membres de leur familles restées au pays. 

Les Sénégalais de l'extérieur représentent une manne financière de près de 2,5 milliards de dollars par an et des dizaines de milliers d'entre eux reviennent régulièrement au pays les poches bien remplies. Mais, apparemment, la peur du coronavirus est plus forte que les considérations financières. 

Du côté des touristes aussi, le moindre signe suspect fait surgir un sentiment de peur chez la population. Le décès mardi 10 mars d’un Français de 77 ans a Gouloumbou dans la partie sud-est du Sénégal, à la frontière avec le Mali et la Guinée, a donné des sueurs froides aux trente employés du campement qu’il fréquentait et aux 10 touristes sur place. Tous ont été mis en quarantaine en attendant les résultats des examens envoyés à l’institut Pasteur de Dakar.

Les résultats qui sont finalement tombés ce mercredi ont montré qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter parce que les tests effectués sur le corps du Français ont été négatifs au coronavirus.

Un cas qui ne semble pas être le seul dans cette partie du pays, car un peu plus loin à Kolda, Un septuagénaire d’origine française a été mis en isolement dans sa chambre d’hôtel. Selon le médecin chef de la région médicale, il présente des symptômes tendant à faire croire qu’il pourrait être atteint du Coronavirus. Seul dans sa chambre, des prélèvements ont été effectués par une équipe médicale préparée en conséquence et envoyés à Dakar pour des tests dont les résultats devraient tomber vendredi.

A Podor, un mythique bateau de croisière, le Bou El Mokdad, qui fait le trajet Saint-Louis - Podor depuis des décennies a été très mal accueilli par les populations, la semaine dernière. Contrairement à leur habitude, les touristes n'ont pas vu les habitants de la ville à leur arrivée. Un accueil plus glacial qui fait que la croisière s'est terminée en queue de poisson. Les visiteurs sont retournés à Saint-Louis sans réellement profiter de Podor. 

Cette peur qu’ont en ce moment les Sénégalais de la maladie pourrait réduire les risques de contamination selon le spécialiste qui demandent de rester vigilant et d’éviter d’essayer de secourir une personne qui présente des symptômes du Covid19

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 12/03/2020 à 16h11, mis à jour le 12/03/2020 à 16h15