Coronavirus. Sénégal: certains doutent, d'autres prétendent avoir un remède

Médecine traditionnelle

Médecine traditionnelle. DR

Le 17/03/2020 à 12h39, mis à jour le 17/03/2020 à 12h40

Entre ceux qui nient l'arrivée de la maladie au Sénégal et ceux qui prétendent avoir un remède pour la soigner, les autorités s'inquiètent de l'attitude des diffuseurs de fausses nouvelles. Elles ont menacé de poursuivre en justice tous ceux qui relaient de pareilles informations.

Incroyable mais vrai. Sur plusieurs vidéos et messages audiovisuels circulant dans les réseaux sociaux depuis quelques jours, certaines personnes affirment avec certitude que la pandémie du Covid-19 n’est jamais apparue au Sénégal.

Hier, mardi 16 mars, la section de recherches de la gendarmerie nationale, une sorte de super-police judiciaire, a convoqué un célèbre communicateur traditionnel, Abdoulaye Mbaye Pèkhe, pour lui rappeler la loi sur la diffusion de fausses nouvelles. Une convocation qui avait plutôt des allures de menaces de prison. "Au nom d'Allah, je ne parlerai plus de coronavirus", a déclaré le griot aux gendarmes, une manière de dire que désormais sa communication sera orientée vers la sensibilisation. 

La même section de recherhes a également convoqué une célèbre voyante autoproclamée à qui les médias tendent souvent le micro, en l'occurrence Selbé Ndom. Cette dernière a récemment déclaré que le Covid-19 n'est rien d'autre que du paludisme et qu'il est donc possible de le soigner. D'autres personnes influentes sont également dans le colimateur des responsables de la sécurité publique. 

La mobilisation des gendarmes et de la police s'explique par les rumeurs en tous genres véhiculées en ces temps de pandémie mondiale. 

Se basant sur un nom qu’ils pensent être celui du Sénégalais qui aurait infecté 17 personnes à Touba, la capitale de la confrérie mouride, certaines personnes affirment que l'expatrié sénégalais qui a contaminé 17 membres de sa famille et de ses proches n’a jamais quitté l’Italie.

Selon eux, le gouvernement sénégalais, poussé par des lobbys, essaie de stopper la confrérie mouride, qui est la mieux organisée et sans doute la plus puissante du pays. Une raison qui justifierait ce qu'ils appellent des ‘’rumeurs’’ sur la propagation du virus à Touba.

Seulement ils oublient, que jusqu’ici l’identité du mouride mis en cause dans cette affaire n’a jamais été dévoilée. Si les plus sensés peuvent différencier le vrai du faux, il n’en est pas autant de la majorité de la population de la ville sainte. Pire encore, un prétendu guide religieux de Touba a enregistré une vidéo à visage découvert où il invite clairement les mourides à continuer leurs rassemblement, parce que selon lui, Serigne Touba ne laissera pas la maladie toucher ses disciples.

Certaines prétendent pouvoir guérir le Covid19

Tirant profit de chaque citoyen, certains tradipraticiens ont repris du service. C’est le cas du vieux Diop qui dit avoir trouvé un remède au coronavirus. Dans une vidéo devenue virale, il est au milieu de ses breuvages et affirme sans sourciller avoir trouvé, avec un mélange de 17 produits, un remède efficace contre le coronavirus. On l’y entend en langue traditionnelle inviter le monde à s’approprier son produit.

Les autorités décident enfin de sanctionner les fake news

Toutes ces affirmations qui ne tiennent à rien ont poussé l’autorité du pays a enfin sortir le bâton. Dimanche dernier, le ministre de la Sante, Abdoulaye Diouf Sarr, sur un ton ferme, a sifflé la fin de la recréation. ‘’Désormais les diffuseurs de fausses informations sur le coronavirus seront traduits en justice’’ a affirmé le ministre, qui déclare ainsi la guerre aux chasseurs de followers, aux journalistes mal informés et aux tradipraticiens qui profitent du malheur du monde.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 17/03/2020 à 12h39, mis à jour le 17/03/2020 à 12h40