"Les raisons évoquées pour justifier et autoriser le transfèrement du détenu Habré à son domicile assorti d’une résidence surveillée pendant 60 jours sont à la fois discriminatoires et illégales", écrit l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale Moustapha Diakhaté sur sa page Facebook.
Selon lui, "Monsieur Habré n’est pas le seul détenu au pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec. Par conséquent il n’est pas le leur prisonnier à encourir le risque d’attraper la maladie au Covid-19. La faveur dont il vient de bénéficier est un inacceptable pied de nez au principe républicain de l’égalité des détenus devant le service public de la justice et la sécurité sanitaire".
«Sortie de Pavillon spécial du Président Hussein Habre : une décision discriminatoire et illégale Les raisons évoquées... Posted by Moustapha Diakhaté on Talaata, 7 Awr, 2020»
"Hissène Habré avait une prison dorée à la maison d'arrêt et de correction du Cap Manuel, avec un quartier à lui seul dédié. Alors, le sortir c'est sûrement l'exposer au coronavirus", commente cet internaute qui ne comprend pas la mesure prise par les autorités sénégalaises. Sa sortie soulève beaucoup de questions auprès de l'opinion publique sénégalaise. La surprise est grande.
En effet, un quartier spécial a été construit pour y interner l'ancien homme fort du Tchad. Sa construction a été entièrement financée par l'Union aficaine ainsi que des partenaires internationaux et avait coûté la rondelette somme de 200.000 euros, soit 130 millions de Fcfa. C'est pourquoi il semble difficile de défendre la thèse du danger qui pèserait sur sa vie et qui serait lié à l'épidémie de Covid-19.
Certains n'ont pas hésité à faire le lien avec une affaire de fils à Papa qui défraie la chronique depuis ce week-end. Les autorités sénégalaises auraient-elles pris cette décision afin de loger dans cette prison de luxe les 7 fils de milliardaires impliqués dans une affaire de consommation de drogue et de violatin du couvre-feu et de l'état d'urgence qui a entraîné la mort d'une jeune femme.
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En effet, Hiba Thiam, directrice financière de la société Africa Consulting and Trading (ACT) est morte dans la nuit du vendredi au samedi. Elle aurait vomit du sang après avoir fait une overdose de drogue, probablement de cocaïne. Selon l'enquête menée par la gendarmerie, elle prenait part à une soirée arrosée où assistait Dame Amar, le mari de la fille du chanteur Youssou Ndour, par ailleurs fils d'un milliardaire décédé récemment dans un accident. D'autres fils de milliardaires sont cités dans l'affaire.
En tout cas, 7 personnes ont été arrêtées, ce qui a poussé les langues fourchues à faire le lien avec la sortie de Habré.
Quoi qu'il en soit, la nouvelle est tombée alors que personne ne s’y attendait. Ce lundi 6 avril 2020, un communiqué du ministère de la Justice sénégalaise annonçait la sortie de prison de l’ancien président tchadien, pour une durée de 60 jours. Hissene Habré, qui était enfermé dans la prison du Cap Manuel, à Dakar, devait pourtant purger une peine de prison a perpétuité pour crimes contre l’humanité, torture, esclavage forcé et pratique massive d’exécutions sommaires.
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Selon le ministre de la Justice, Me Malick Sall, l’ancien président est toujours en prison, précisant que «c’est le lieu de détention qui a juste changé». Il a en outre indiqué que Habré a été transféré à son domicile. «Il est sous bonne escorte, il ne pourra pas se déplacer».
En agissant ainsi, la justice sénégalaise foule au pied la demande de l’Association des victimes tchadiennes de Hissene Habré qui, la semaine dernière, avait lancé l’alerte contre une éventuelle remise en liberté de l’ex-dirigeant, notamment en «ces temps troublés par le Covid-19», reconnaissant que «les lieux de privation sont propices à la propagation du virus». Prenant en compte cette éventualité qui fait peur, le collectif, par la voix de son président, Clément Abaïfouta, avait lancé l’alerte.
Selon les membres du collectif «la détention de Hissène Habré ne correspond pas à la situation de risque de contamination au sein des prisons décrites par l’ONU. Hissène Habré est détenu seul dans une cellule, avec, comme il se doit, de bonnes conditions d’hygiène, et a accès au système de santé. Il n’est pas en contact avec d’autres détenus et ne risque donc pas d’être contaminé à cause de la promiscuité qui existe dans beaucoup de prisons. Il semble donc suffisamment protégé du virus », avait défendu Clément Abaïfouta.