Au début de la pandémie, quand beaucoup de nations choisissaient de rapatrier leurs citoyens expatriés dans la province chinoise de Wuhan, le Sénégal avait pris l’option de les laisser sur place. On avait alors vu des pères de famille en larmes supplier le chef de l’Etat, Macky Sall, pour qu’il change d’avis. Ce dernier était resté impassible.
Trois mois plus tard, l’histoire semble lui avoir donné raison, puisque les habitants de Wuhan circulent désormais librement, alors que 4 milliards de personnes sont confinées chez elles.
Cette fois encore, alors que le pays compte les premiers décès de ses ressortissants aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, c’est sans hésitation que la décision de ne rapatrier aucune dépouilles a été prise.
Selon l'ONG Horizons sans frontières, pas moins de 32 Sénégalais de l'extérieur sont décédés dans cette pandémie, une mortalité relativement élevée. Rien que dans l'Etat de New York, 7 expatriés originaires du pays de la Teranga sont victimes de la pandémie.
Les familles et les proches souhaitent naturellement leur rapatriement, cependant, le gouvernement n'y est pas favorable.
C’est le ministre des Affaires étrangères, Amadou Bâ, qui l’a annoncé en conférence de presse ce jeudi. Il a expliqué qu’il s’agissait non seulement de la recommandation officielle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais l’arrêt des vols internationaux rend difficile tout rapatriement de corps.
La crainte des familles est aujourd’hui de voir les corps de leurs proches ayant péri du coronavirus terminer dans les incinérateurs. C’est pourquoi l’opinion publique sénégalaise penchait plutôt pour le rapatriement des dépouilles. De plus, dans ce pays à 95% de musulmans et à 5% de chrétiens, il est important pour beaucoup de pouvoir se recueillir régulièrement sur la tombe des personnes décédées pour leur dispenser des prières.
Le ministre des Affaires étrangères a néanmoins assuré que l’Etat fera le nécessaire pour assister les familles et veiller à ce que les victimes de la pandémie aient un enterrement digne et en conformité avec les valeurs musulmanes et chrétiennes. Dans les pays où, il faut acheter un carré pour être enterré, le gouvernement s’engage à le prendre en charge, si les familles n’en ont pas les moyens.