Sénégal. Coronavirus: la 6e victime jouait à cache-cache avec les médecins

Une victime du coronavirus

Une victime du coronavirus. DR

Le 23/04/2020 à 10h17, mis à jour le 23/04/2020 à 12h14

Selon les médecins, l’homme de 74 ans décédé mardi avait été interrogé à plusieurs reprises et il a refusé d'avouer aux investigateurs avoir été en contact avec le premier patient de Louga. Quand il s'est enfin décidé, c'était trop tard.

A Louga, la dernière région du Sénégal contaminée par le Covid-19, un homme de 74 ans, un praticien de la médecine traditionnelle appelé au Sénégal tradipraticien, est décédé mardi 21 avril. Il s’est présenté dans l’après-midi aux urgences, le temps que les médecins confirment leur diagnostic par un examen virologique, il est décédé dans la soirée, devenant la sixième victime de la pandémie.

Il a attendu que les symptômes les plus graves de la maladie se manifestent pour enfin se présenter au centre de traitement des maladies infectieuses de l’hôpital régional de Louga. Il était bien trop tard visiblement.

Pourtant, d’après les informations recueillies auprès des médecins, il aurait pu être pris en charge s’il n’avait pas caché la vérité sur son parcours récent qui l’avait mis en contact avec le premier cas d’infection décelé à Louga, un commerçant qui fréquentait le septuagénaire.

Ce commerçant, patient zéro de Louga, affirme avoir averti les médecins, qui eux nient catégoriquement cette version. Selon eux, les enquêteurs se sont présentés à trois reprises chez la victime, mais ils ont été éconduits à chaque fois.

"C'est le cas indexé (le commerçant, ndlr) lui-même qui nous a caché qu'il était en contact avec le marabout. On lui a posé à maintes reprises la question, mais il a toujours nié. Le vieux aussi a toujours juré ne pas être en contact avec le malade. Nous avons envoyé à trois reprises des équipes d'investigation chez le marabout, mais pour la troisième fois, il les a chassées de chez-lui", explique le Dr Cheikh Saadbou Senghor, médecin-chef de Louga, d'après le site d'information Seneweb.

Ces faits confirment, malheureusement, les craintes que beaucoup ont exprimées sur la réalité des chiffres communiqués dans la plupart des pays africains dont le Sénégal.

En effet, certains malades refusent de fournir toutes les informations permettant d’isoler les cas dits contacts et ne se manifestent aux autorités sanitaires que tardivement. Alors que d’autres peuvent même mourir chez eux sans jamais se rendre à l’hôpital.

Pendant ce temps, des centaines d’autres personnes peuvent être infectées sans le savoir. Si tel est le cas, l’œuvre silencieuse du coronavirus ne fait que commencer au pays de la Teranga.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 23/04/2020 à 10h17, mis à jour le 23/04/2020 à 12h14