Sénégal: le projet de ville futuriste d’Akon sous le feu des critiques

Akon lance sa cité au Sénégal

Akon lance sa cité au Sénégal. DR

Le 03/09/2020 à 08h29, mis à jour le 03/09/2020 à 15h37

Alors que la presse nationale et internationale a salué un projet urbain de classe mondiale, certains reprochent au chanteur américano-sénégalais Akon de vouloir ériger une ville-État, qui plus est, destinée à des riches dans une commune pauvre.

C’est l’imam Ahmadou Kanté, un religieux qui ne rate jamais une occasion de commenter l’actualité, qui est le premier à trouver inopportun ce projet de 6 milliards de dollars à proximité du village de Mbodiène, situé à une centaine de kilomètres de Dakar.

Selon lui, le ministre du Tourisme doit être auditionné concernant ce projet dont le coût global est l’équivalent du budget annuel de tout le pays.

"Les pros «Akon city» ont-ils pris connaissance du projet et du cahier de charges? Pour moi, cela participe de la privatisation du littoral sénégalais et à un développement inégal", affirme l’imam, dubitatif, sur sa page Facebook.

Evidemment, le premier souci de l’imam n’est pas le budget, mais plutôt la construction d’une ville où on ne voit aucun projet d’édifice religieux, ni mosquée ni église, mais uniquement des espaces de loisirs, de sports, de jeux d’argent...

Dans le monde politique, si la plupart des observateurs estiment que le projet pourrait offrir un cadre attractif aux multinationales du numérique et des industries de pointe, certains n’ont pas manqué d’émettre des objections. C’est le cas d’Amadou Bâ, un cadre du parti Pastef, qui se demande si cette ville ne sera pas une sorte de principauté dont l’accès ne serait réservé qu’aux riches et à leurs employés.

Selon lui, Akon qui possède déjà une monnaie électronique qui lui appartient, en l’occurrence l’Akoin (contraction de Akon et Coin qui veut dire monnaie en anglais), aura en plus sa propre ville privée ce qui en fera une cité-État accomplie.

"La seule monnaie ayant cours légal au Sénégal est le FCFA. Que prévoit la Convention entre Akon et l'État du Sénégal? L'entrée de cette ville sera-t-elle libre et accessible à tous les Sénégalais ou réservée uniquement à ses riches habitants et aux titulaires d'un badge spécial qui y travaillent? Quelle nappe phréatique va alimenter les parcs aquatiques géants et les dizaines de parcours de golf?", se demande-t-il.

Akon n’a pas encore réagi à cette critique à laquelle il fallait s’attendre, dans un pays où aucun sujet n’échappe à la bien-pensance.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 03/09/2020 à 08h29, mis à jour le 03/09/2020 à 15h37