Sénégal. Crime pour l’honneur: une femme étrangle sa fille enceinte de six mois

Meurtre au Sénégal

Meurtre au Sénégal. Dr

Le 05/09/2020 à 08h32, mis à jour le 05/09/2020 à 20h18

L’affaire d’un assassinat pas comme les autres défraie la chronique au Sénégal. Une mère, qui ne supportait plus les regards posés sur sa famille suite à la grossesse hors mariage de sa fille, a mis fin à la vie de celle-ci. Récit.

L’affaire qui s’est déroulée à Bambey dans la région de Diourbel à de 200 km de Dakar a rapidement fait le tour du pays.

Awa Diouf, soupçonnée d’avoir étranglé à mort sa fille enceinte de 6 mois, est passée aux aveux. Selon la presse sénégalaise, la maman criminelle a dans un premier temps tenté d'attribuer le décès de son enfant à l'intervention de «forces obscures» avant de se confesser. «Avec sa grossesse, Mariama a jeté la honte sur notre famille. J’ai attendu que ma fille aille chercher de l’eau pour se doucher pour passer à l’acte. Je l’ai étranglée dans les toilettes quand elle s’est penchée pour vérifier la température de l’eau», a-t-elle dit aux enquêteurs.

Pour rappel, c’est lundi dernier que le corps sans vie de Mariama Ndoly, âgée de 19 ans, avait été découvert dans les toilettes de son domicile situé dans le village de Mbafaye, dans la commune de Réfane (Bambey). Rapidement, les soupçons de la police se sont portés sur sa mère Awa Diouf qui avait pris la fuite. D'une part, les premiers témoignages indiquaient que la fille avait été vue pour la dernière fois entrant dans les toilettes en compagnie de sa mère.

D'autre part, l’autopsie du corps de la victime a révélé que Mariama Ndoly, célibataire, était enceinte de 6 mois. Et que selon toute vraisemblance, elle était morte par asphyxie, pour ne pas dire étranglée.

Sa mère Awa Diouf a été finalement arrêtée par la gendarmerie de Saly, après trois jours de cavale.

Ce crime montre à quel point un comportement jugé immoral peut générer des violences. L'idée que l'honneur d'une famille dépend de la virginité d'une jeune fille est profondément ancrée dans les mentalités au Sénégal, en particulier dans les milieux conservateurs.

Une grossesse hors mariage reste très mal vue et se voit souvent sévèrement punie. 

Il est certes relativement rare de voir un parent tuer son enfant pour avoir jeté l'opprobre sur la famille. En revanche, il est fréquent que la fille soit déshéritée, bannie et chassée. 

Cette situation est dénoncée par les défenseurs des droits de l’homme qui estiment qu'en agissant ainsi, les parents exposent leurs enfants aux dangers de la rue.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 05/09/2020 à 08h32, mis à jour le 05/09/2020 à 20h18