Cette femmme, membre de la caste des griots, décédée le 25 décembre, a été finalement inhumée mardi dans un village voisin après plusieurs jours de tensions, a indiqué la presse locale mercredi.
Une vidéo virale depuis quelques jours relate les propos d'une habitante de Pout Dagné se plaignant du refus par les notables de ce village, à une centaine de km de Dakar, d'y enterrer cette femme membre de sa famille parce qu'elle serait griotte.
Elle en appelle à l'intervention du président Macky Sall.
Les notables du village «estiment que son enterrement dans le village attirerait le malheur. Pourquoi n'aurions nous pas le droit d'inhumer nos morts dans notre propre pays comme si nous n'étions pas Sénégalais?», dit-elle dans la vidéo, en langue ouolof.
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Plusieurs organisations des droits de l'homme «condamnent fermement cet acte illégal du chef de village de Pout Dagné et appellent les autorités étatiques compétentes à trouver sans délai une solution définitive à cette situation», dans un communiqué publié mardi soir.
Elles «exhortent les autorités religieuses du pays, musulmanes et chrétiennes, à continuer la sensibilisation en vue de l’éradication de la discrimination basée sur les castes et l'ascendance qui est contraire aux préceptes prônés par ces religions et les lois de la République», souligne le communiqué signé par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), la Ligue sénégalaise des droits humains, Amnesty International Sénégal et Africajom Center.
Le chef de village de Pout Dagné n'était pas immédiatement joignable. Les autorités ne se sont pas publiquement exprimées sur le sujet.
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Une ancienne croyance populaire au Sénégal, qui survit encore de manière isolée dans le pays, assimilait les griots à des "êtres impurs".
Pour cette raison, ils n'étaient pas dans le passé inhumés dans la terre mais dans le creux des baobabs, «pour éviter de causer un malheur au village», selon des historiens. Cette pratique est interdite depuis plusieurs années par les autorités étatiques.
Les griots sont considérés en Afrique de l'Ouest comme les dépositaires et les gardiens de la tradition.