Sadio Mané n'a pas réussi à faire aussi bien qu'El-Hadji Diouf, dernier Sénégalais sacré Ballon d'Or africain, en 2002, mais il peut faire mieux: offrir à son pays la première CAN de son histoire, 15 ans après la finale perdue par son glorieux aîné.
Dans le sillage de sa "pépite", le Sénégal, qui débute sa campagne 2017 contre la Tunisie dimanche à Franceville (20h00 françaises), se présente comme l'un des favoris du tournoi, fort de son statut de meilleure nation africaine au classement Fifa.
Il fallait vraiment Riyad Mahrez, l'un des héros du sacre de Leicester en Angleterre à la surprise générale, et Pierre-Emerick Aubameyang, monstre d'efficacité à la pointe de Dortmund en Bundesliga, pour tenir à distance Mané du Ballon d'Or africain 2016.
Car le "3e homme", outre sa belle saison avec Southampton (11 buts en 37 matches), avait acquis cet été un argument "honorifique" non négligeable: le titre de joueur africain le plus cher de l'histoire, après son transfert à Liverpool estimé à 40 millions d’euros.
Aux côtés de Philippe Coutinho, le meneur de poche (1,75 m, 69 kg) ou ailier s'est d'emblée imposé comme l'un des maîtres à jouer de Jürgen Klopp et principaux artisans du bon début de saison des Reds, 2e du championnat, en inscrivant neuf buts.
Son importance est devenue telle que le club anglais, soucieux d'éviter toute blessure à son retour, a même décidé de dépêcher un kinésithérapeute pour le suivre individuellement durant toute la compétition, a rapporté The Times fin décembre.
'Culot' et progression linéaire
Pour Dominique Bijotat, son ancien entraîneur à Metz qui l'a lancé dans le monde professionnel en 2012, le voir aussi haut n'est pas une surprise tant "il avait chez les jeunes un potentiel individuel exceptionnel".
"Sa capacité à déstabiliser que ce soit son adversaire direct, voire même la ligne adverse, c'était quand même énorme! Franchement sur les quelques premiers mètres, il était capable de prendre un temps d'avance sur son adversaire", raconte-t-il à l'AFP.
"Il osait, parfois il exagérait dans le dribble, mais tout ça était je pense quelque chose de positif", se souvient le technicien, encore marqué par le "culot" du joueur et son "coup de rein" capable de frustrer toute une défense.
A 24 ans, le gamin de Bambali (400 km au sud de Dakar) formé par l'académie Génération Foot, partenaire du club messin, est déjà passé par quatre clubs (Metz, Salzbourg, Southampton, Liverpool), signe d'une progression à la fois linéaire et fulgurante.
"Même si ce n'est peut-être pas sa volonté première, sa trajectoire est intéressante. Il est en progrès constants. Il était un peu désordonné, mais là il a mis un peu de justesse dans son jeu globalement", observe l'ancien entraîneur mosellan. "Il a acquis quelque chose. Je le trouve beaucoup plus présent dans toutes les tâches notamment défensives. Sa palette s'est élargie".
Justement que lui manque-t-il donc encore pour dépasser Mahrez et Aubameyang la prochaine fois?
"Les stats, les stats, les stats. Demain à son poste, on doit dire qu'il marque et qu'il fait marquer. Quand on parle des grands, ils ont ça. Il y en a qui étaient des buteurs, d'autres des passeurs, mais les uns et les autres ont acquis ce qui leur a manqué", rappelle Bijotat. Les "Lions de Teranga" n'attendent que ça.