La saison des pluies de cette année risque de provoquer bien de dégâts en Côte d’Ivoire où en l’espace de quelques semaines, plusieurs personnes ont perdu la vie, victimes d’éboulements et d’inondations. «D’avril à juin 2025, sur le littoral et le Sud forestier, les prévisions indiquent qu’il y a 50% de probabilité que les cumuls pluviométriques saisonniers soient normaux à tendance excédentaire par rapport à la normale saisonnière de 1991 à 2020», alerte la société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (Sedexam).
Avec le retour des fortes pluies, consommateurs et commerçants, notamment ceux installés dans les marchés ouverts et aux abords de routes, vivent une véritable épreuve: des pertes de marchandises dues aux pluies intempestives à la baisse de la clientèle, la pluie, bien qu’essentielle pour la vie humaine, pose de nombreux problèmes en affectant les affaires.
Le ciel s’était encore assombri laissant tomber les premières gouttes de pluies lorsque nous foulions le marché de Koumassi. Dans les allées boueuses, des commerçants écopent l’eau de leurs étals, certains tentent tant bien que mal de remettre en place les marchandises trempées.
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Abou Zongo, vendeur de vêtements, regarde avec amertume ses articles, «la saison pluvieuse est une période difficile pour nous. Les pluies diluviennes qui s’abattent sur la ville mouillent très souvent nos marchandises. J’ai perdu au moins 150.000 Fcfa de stock», relate-il avec amertume.
À quelques mètres, Rokia Sangaré, commerçante de légumes, explique que ses clients hésitent à venir au marché quand il pleut mais pis, quand ils viennent, ils sont pressés de rentrer, «chaque saison des pluies, c’est la même galère ! les gens ne sortent pas. On passe des heures sans rien vendre. Les routes sont inondées, les gens restent chez eux. Et nous, on est obligé de ranger tôt nos marchandises parce que les clients sont tous pressés de rentrer chez eux. Alors que quand il ne pleut pas, on peut vendre jusqu’à 19 voire 20 heures», explique-t-elle.
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Le constat est presque identique dans d’autres quartiers d’Abidjan, à Yopougon ou à Adjamé, où les marchés de rue et les vendeurs ambulants sont exposés à l’eau de pluie. Certains commerçants ont vu leurs abris emportés ou gravement endommagés. Faute d’infrastructures adéquates, la pluie devient une ennemie redoutable pour ces commerçants qui vivent au jour le jour.
«En ces temps de pluie, nos ventes ont chuté. Je pouvais vendre journalièrement 40.000 voire 50.000 Fcfa. Mais depuis que la saison pluvieuse a commencé, le maximum de recette oscille entre 10.000 et 15.000 Fcfa», se console Atté Édouard, vendeur ambulant. Ils interpellent à cet effet les autorités; «il faut nous aider à construire des stands plus solides, avec de vrais toits. On veut travailler, mais chaque année c’est l’angoisse».
Face à cette détresse, certains optent pour des abris temporaires ou proposer des services de livraison.
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Selon Sedexam, la saison pluvieuse qui s’est amorcée au mois de mai dernier pourrait se prolonger jusqu’à fin juillet, avec des pics de précipitations attendus entre mi-juin et début juillet avec ses corolaires d’inondations et de dégâts. Vigilance donc à tous les niveaux.
Malgré ces défis, les commerçants ne baissent pas les bras. Entre manque de solutions concrètes et entraide entre voisins de marché, ils s’adaptent tant bien que mal. Mais à chaque nouvelle pluie, l’angoisse revient. Une réalité qui, selon eux, ne trouvera de dénouement qu’après la saison pluvieuse. Ils s’en remettent donc aux alias climatiques, car pour ces acteurs essentiels de l’économie ivoirienne, il ne s’agit plus seulement de vendre, mais de survivre.