Mauritanie-Maroc: la hausse des taxes douanières sur les légumes passe mal chez les revendeuses

Vendeuse de légumes à Nouakchott.

Le 19/01/2024 à 16h42

VidéoLa hausse des tarifs des douanes sur les légumes importés, instaurée par une loi des finances rectificative adoptée en juillet 2023, continue de faire des vagues. Cette mesure est à l’origine d’une vive colère des importateurs, des grossistes, des détaillants et des consommateurs. Un tour chez les revendeuses de légumes du marché de Sebkha permet d’appréhender la tension que suscite cette hausse des droits de douane.

Une vingtaine de jours après la hausse des droits de douane sur les légumes instaurée par le gouvernement mauritanien, dans le cadre de la Loi de finances rectificative de juillet 2023, entrée en vigueur le 1er janvier 2024, et prétendue protéger la production maraichère locale, la tension ne retombe pas. Importateurs de légumes, grossistes, détaillants et consommateurs continuent de pester face à cette mesure dont les conséquences sont manifestes sur les quantités écoulées que sur le panier de la ménagère.

Après les importateurs, grossistes et consommateurs, un tour chez les vendeurs en détail des légumes du marché de Sebkha, une commune populeuse de Nouakchott, qui s’approvisionnent auprès du marché «marocain», place forte des légumes importés du Maroc, permet de tâter leur pouls quant aux conséquences de cette augmentation des droits de douane sur les légumes et du coup, sur leur business.

«Je suis vendeuse de légumes ici. Je m’approvisionne auprès du marché marocain de SOCIM. Ces légumes sont devenus inabordables depuis quelque temps suite à une hausse des tarifs douaniers. Une évolution qui représente une réelle menace pour notre activité et fait craindre une faillite», fait remarquer Coumba Mohamed.

Même son de cloche auprès de Fatimetou Zeine. «Je revends des légumes ici au marché: salade, carottes, aubergine, choux…. Tous les prix sont en hausse depuis une quinzaine de jours. Cette poussée a des conséquences sur le panier de la ménagère. Nous demandons aux autorités de prendre des mesures pour atténuer cette situation marquée par la hausse des prix passés de 20 à 50 ouguiyas et même parfois 60 ouguiyas, à l’image des carottes. Même cas de figure pour les tomates et concombres».

En clair, pour de nombreux légumes, les prix ont tout simplement doublé, parfois même triplé, comme c’est le cas des poivrons.

Pour sa part, Fama Diallo explique que la hausse n’est pas identique, selon la provenance des légumes. «Je vends des légumes du Maroc, de la Mauritanie et du Sénégal. Pour les deux dernières catégories, les prix sont un peu stables, alors que le coût des légumes du Maroc est en forte hausse, suite à une montée des tarifs douaniers. Les autorités doivent revoir cette question».

Le problème est que les légumes produits localement sont insuffisantes et de qualité moindre par rapport à ceux importés du Maroc.

La conséquence de cette hausse est qu’elle impacte le consommateur final. En effet, les grossistes et les détaillants répercutent la hausse sur le consommateur final. Seulement, face à cette flambée des prix, ce dernier finit par réduire les quantités achetées impactant négativement le business des vendeurs en détails.

Rappelons que la forte hausse des droits de douane touche tous les légumes importés, quelle que soit leur provenance. A travers cette hausse qui fait passer le droit de douane sur certaines légumes (oignon, pomme de terre, carottes, choux, poivron...) de 13,73% à 39,23%, du 1er janvier au 30 avril de chaque année, les autorités annoncent vouloir protéger et stimuler la production locale qui, selon le ministre de l’Agriculture, représente 25% des besoins du pays. Cette production est toutefois concentrée sur une courte période allant de janvier à avril.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 19/01/2024 à 16h42