Veille d’Aïd à Nouakchott: les tailleurs ne sont pas de la fête

Des tailleurs à la veille de la fête de l'Aïd el-Fitr, Nouakchott.

Le 09/04/2024 à 09h35

A quelques exceptions prés, les commandes n’affluent pas encore chez les couturiers de Nouakchott. A la veille de la fête marquant la fin du mois de ramadan, les clients ne se bousculent pas au portillon de ceux à qui revient la tâche de confectionner boubous, caftans et pagnes dignes de la fête.

Ce n’est pas la fête pour les couturiers de Nouakchott. Ou pas encore. Pourtant, la veille de cette fête de l’Aïd el Fitr était habituellement porteuse de bonnes affaires à ceux qui habillent jeunes et moins jeunes. D’autant, que les Mauritaniens préfèrent de loin se faire tailler un costume fait main et sur mesure que d’aller chez les magasins de prêt-à-porter.

Mais cette année, c’est la morosité qui domine au niveau du marché où les clients se font désirer. Ibrahima Sy, tailleur, dit espérer voir les commandes affluer au fur et à mesure que la fête approche, «les commandes sont encore rares, mais sont en légère hausse à quelques jours de la célébration de la fin de ramadan. Notre atelier n’a été ouvert que tout récemment».

Durant les fêtes, les femmes et les enfants tiennent à porter des habits neufs de qualité, généralement à partir des tissus du bazin, sinon du wax de qualité. Le bazin une étoffe à base de coton teinté artisanalement pour devenir un tissu vestimentaire ou bien décoratif alors que le wax est un textile de coton aux couleurs vives.


Les tailleurs brodent ces tissus avec différents dessins et motifs. Les femmes et les jeunes fille optent pour des boubous, pagnes et foulards, alors que les garçons préfèrent les caftans. Chez les hommes aussi, ce sont les boubous et la caftans qui dominent.

Certains modèles nécessitent plusieurs heures de travail, les artisans sont alors obligés d’enchainer des nuits blanches, surtout si les commandes sont nombreuses.

Malgré des commandes qui arrivent au compte-gouttes MBaye Wade, également tailleur, remercie le Ciel. «Nous rendons grâce à Allah. Cette année, les commandes pour la couture des habits de la fête sont en recul. Cela s’explique par une conjoncture difficile».

Contrairement à ses confrères, Ciré Diallo, patron du complexe Ferella Couture situé à Sebkha, une commune de la populeuse banlieue sud-ouest de Nouakchott, semble relativement satisfait de la marche de ses affaires, «nous avons eu des commandes. Les habits sont prêts, nous attendons les clients pour venir les récupérer. La demande est sensiblement au même niveau que l’année dernière», témoigne-t-il visiblement satisfait.


Abou Idi, tailleur au Complexe Ferella Couture assure que ce ne sont pas les clients qui manquent. Il en a au point de faire des heures supplémentaires, «nous avons un niveau important de commandes. Cela nous oblige à veiller tard pour satisfaire les clients».

Parmi ces chalands, NDeye NDiaye a déjà fait savoir à son tailleur ce qu’elle attend de lui, «j’ai passé commande il y a trois jours de cela. Aujourd’hui, mes habits sont prêts, je suis venue les récupérer. Je remercie les tailleurs du complexe pour le travail rapide et bien fait». En voilà une qui sera drapée de ses plus atours le jour de la grande fête.


Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 09/04/2024 à 09h35