Après l'officialisation d'un prêt le 27 février dernier par la ministre des Finances, Lamia Zribi, le Fonds monétaire international (FMI) a catégoriquement refusé de débourser le moindre kopeck pour la seconde tranche dudit prêt. Mais, selon la lettre d'information Maghreb Confidentiel qui évoque des sources anonymes, ce n'est là que la partie visible de l'iceberg. En effet, les autres partenaires de la Tunisie auraient décidé de s'aligner sur le FMI en refusant eux aussi de consentir de nouvelles ligne de financement au gouvernement de Youssef Chahed.
Il s'agit en l'occurrence de la Banque mondiale, de l'Union européenne, des Etats-Unis mais également d'autres bailleurs de fonds. Avant d'en arriver à cette décision radicale, les divers partenaires financiers n'ont eu de cesse d'attirer l'attention du gouvernement sur la situation des banques publiques qui traînent d'importantes créances en souffrance à cause de la chute du clan Benali-Trabelsi. Plusieurs membres de la famille de l'ex-président bénéficiaient de crédits sans offrir de réelles garanties de remboursement notamment auprès de la Société tunisienne de banque (STB), de la Banque de l'habitat (BH) et la Banque nationale agricole (BNA). Leur faillite serait à l'origine d'une véritable catastrophe pour toute l'économie tunisienne.
A maintes reprises, les partenaires ont lancé des mises en garde et demandé de sérieuses réformes. Reste qu'en Tunisie, il n'est pas très facile de prôner une réconciliation nationale, y compris économique et de procéder au recouvrement qui pourrait déstructurer certains groupes.
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Il y a également le différend entre ABCI qui est l'ex-propriétaire de la Banque franco-tunisienne (BFT) et le gouvernement tunisien. ABCI s'était sentie flouée au moment de la cession et a attaqué Tunis auprès du tribunal arbitral Cirdi. Le FMI avait demandé qu'un provisionnement de 430 millions de dollars soit constaté. Ce n'est toujours pas le cas.
Pour toutes ces raisons, Tunis n'a plus vraiment la cote, pas même auprès des marchés financiers. Ainsi, en février, Natixis, Commerzbank et Jp Morgan n'ont pu collecter que 850 millions d'euros de financement auprès des privés, alors que le gouvernement avait émis pour un milliard de dollars.
Enfin, "les amis du Golfe" ne feront pas davantage que restructurer la dette existante. En effet, le 1,25 milliard de dollars qu'accordera "l'émir du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani ne servira qu'à rembourser un prêt commercial accordé par la Qatar National Bank (QNB) en 2013", affirme la même source.
Aujourd'hui, Youssef Chahed et son équipe devront se livrer à un difficile arbitrage entre le budget d'investissement et celui du fonctionnement, sans quoi les salaires pourrait ne pas être payés en avril.