Dépendante des financements extérieurs, notamment du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, la Tunisie est aujourd’hui sous une forte pression des bailleurs de fonds étrangers, particulièrement des institutions de Breton Woods. Une situation critique quand on sait que le pays table sur un décaissement de 250 millions de dollars dans le cadre du programme d’aide signé en mai 2016 d’un montant de 2,9 milliards de dollars sur 4 ans assorti d’une série de réformes économiques. Le décaissement de ce montant devrait porter à 1,14 milliard de dollars, le montant des décaissements effectués dans le cadre du programme d’aide qui s’étale sur 4 ans.
En effet, après avoir donné son aval pour le décaissement de ce montant en début de juillet dernier, l’institution financière semble se rebiffer à cause des résultats enregistrés au niveau des réformes.
Ainsi, le FMI recommande au gouvernement tunisien d’ajuster les prix de l’énergie, de procéder à des départs volontaire pour les fonctionnaires afin de limiter la masse salariale, de geler les augmentations salariales, de réformer la retraite, etc.
Toutefois, les réformes entreprises par le gouvernement Chahed sont jugées insuffisantes et sans impact significatif. Le gouvernement tunisien ne souhaite pas s’engager à fond sur des réformes impopulaires tels le gel des salaires, la privatisation d’entreprises publiques, l’élimination de certaines subventions, etc. Des réformes qui risquent d’empoisonner davantage une situation sociale délicate. Or, pour le FMI, «des réformes propices à la croissance et soucieuses de la dimension social contribueront à réduire les déficits budgétaire et courant».
Du coup, face aux faibles progrès réalisés, le FMI semble désormais hausser le ton et pourrait même se raviser quant au décaissement de la 4e tranche de 249,1 millions de dollars si les réformes ne sont pas entreprises. Parmi celles-ci figure l’augmentation des prix de l’essence et de l’électricité afin de réduire la facture d’électricité. Seulement, une telle augmentation pourrait induire une série de hausse des prix des transports et des produits transportés, avec à la clé une nouvelle envolée de l’inflation.
Reste à savoir si le gouvernement Chahed a les coudés franches pour résister aux pressions du FMI et ce d’autant plus que le pays fait face à des difficultés financières.
Les avoirs extérieurs assurent moins de 70 jours d’importation de biens et services et le pays doit faire face à des services de la dette de plus en plus importants et qui grèvent une partie non négligeable des recettes budgétaires. Ce décaissement devrait accroître légèrement les avoirs extérieurs et permettre d’assurer une semaine supplémentaire d’importation de biens et services. En plus, le pays compte sortir sur le marché international pour lever sur le marché de la dette un milliard de dollars.