Tunisie: poussé vers la sortie, Essid accepte de démissionner et dénonce les pressions

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Le 31/07/2016 à 08h51, mis à jour le 31/07/2016 à 13h01

Revue de presseHier, tard dans la soirée du samedi 30 juin, les députés tunisiens ont retiré leur confiance au Premier ministre, Habib Essid. Il s'est servi de ce vote comme tribune pour dénoncer les pressions de tout bord et mettre en garde les Tunisiens contre la corruption.

Seuls trois députés ont soutenu Habib Essid, alors qu'il en fallait 109, la moitié du nombre que compte le parlement tunisien. Cependant, les résultats du vote n'ont pas surpris les Tunisiens. Essid l'a, lui-même, rappelé : "Je ne suis pas venu solliciter les 109 voix nécessaires au moins pour ma reconduction, mais consacrer la pratique constitutionnelle", a-t-il dit, selon ce que rapporte le site Leaders.com.tn.

Essid avait, semble-t-il un fort besoin de se servir de ce vote à l'Assemblée nationale tunisienne comme d'une tribune. S'il avait démissionné sans passer par le parlement, il n'aurait pas pu expliquer aux Tunisiens les tenants et les aboutissants de sa décision.

En effet, le vote de confiance fait suite à l'initiative du président de la république tunisienne de former un gouvernement d'union nationale.

Mise en garde contre la corruption

Essid commence son discours en "réfutant les accusations de manque de programme et le déficit de réalisations", rapporte leaders.com.tn. Car, "le programme de mon gouvernement, c’est celui que vous avez adopté lors de mon investiture le 6 février 2015", ajoute-t-il. Il se déclinait en 6 points, notamment la lutte contre le terrorisme, la réduction du taux l'inflation qui atteignait 5,9%, le retour de la paix sociale, le développement économique et social, la lutte contre la corruption et la résorption du chômage.

Pour le Premier ministre sortant, la corruption à empiré depuis la révolution, ce qui a poussé à mettre en place un ministère et une instance dédiés.

Pressions de tout bord

Toujours selon le site, Essid craint notamment que certains des 150 projets de loi concoctés par son gouvernement ne connaissent des lenteurs et deviennent "victimes de l’Initiative présidentielle et souffrent de longs délais d’examen, alors qu’ils sont urgents et prioritaires". Il ajoute : "ma grande crainte aussi est de voir les élections municipales, cruciales, reportées", alors que les municipalités se dérobent de leur responsabilité d'offrir notamment un cadre de vie décent.

Le gouvernement d'union nationale, un prétexte

"La transition avec l’initiative de Béji Caïd Essebsi est toute prête", nous informe leaders.com.tn. Essid s'est alors dit très surpris de cette initiative de Caïd Essebsi, le président tunisien. Mais ce qui l'a le plus surpris, ce sont notamment les messages qu’il recevra, dans la foulée, lui demandant de jeter l'éponge et de démissionner, non sans un certain humour. "Qu’attendez-vous pour partir? Facilitez-nous la tâche! On a besoin de votre fonction’’, lui ont dit certains.

Contre le "partage"

Et bien sûr, le Premier ministre n'a pas raté l'occasion de répondre à ses détracteurs si pressés de le voir partir. "Je n’ai aucun problème avec Nidaa Tounès. J’ai refusé le système de quotas dans les nominations, avec une règle de partage par trois. A chacun son lot. La reprise de la production phosphatière ne saurait se faire par la force, mais le dialogue. On m’a pressé de convertir la région de Gafsa en zone militaire. Pour avoir vécu 9 ans dans la région et connaissant la valeur de ses habitants, jamais je ne peux y penser".

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 31/07/2016 à 08h51, mis à jour le 31/07/2016 à 13h01