Tunisie: 7 ans après la révolution de Jasmin, les Tunisiens déchantent

DR

Le 11/12/2017 à 14h16, mis à jour le 11/12/2017 à 14h18

Sept ans après la révolution tunisienne, une enquête révèle que les Tunisiens font un bilan décevant de la période post-révolutionnaire.

En renversant le dictateur Ben Ali le 14 janvier 2011, les Tunisiens s’attendaient certainement à des lendemains meilleurs. Mais 7 ans plus tard, ils déchantent. Pour eux, la décennie 2010 est perdue. C’est ce qui ressort de l’enquête réalisée par Sigma Conseil, en partenariat avec la Fondation Konrad-Adenauer, intitulée «Enseignement de 7 ans de la révolution tunisienne, enjeux pour les années à venir».

Les résultats de l’enquête sont accablants pour les trois présidents, les huit chefs de gouvernement et les 285 ministres qui se sont succédés depuis la chute de Ben Ali, aussi bien sur le plan politique, économique que social.

Globalement, 51% des personnes interrogées jugent que la révolution a échoué. Ils ne sont que 8% à penser le contraire. 56% des sondés avancent qu’aucun objectif n’a été atteint. Ainsi, 80% d'entre eux considèrent que la situation générale du pays est pire qu’avant la chute de Ben Ali et seulement 17% soutiennent le contraire. 

Ainsi, dans le domaine social, où les attentes étaient importantes, 79% des Tunisiens sondés estiment que la révolution a impacté négativement la situation de la population.

Sur le volet économique, 93% des sondés estiment que la révolution s’est traduite par une perte de pouvoir et une plus grande précarité. Une situation attendue vu le faible taux de croissance (1,9% en 2017) et la dépréciation de 45% du dinar tunisien par rapport à l’euro.

78% des personnes interrogées estiment que les zones marginalisées n’ont pas connu de changements notables et 68% des sondés pensent que la corruption n'a cessé de se propager.

56% des sondés avancent qu’aucun des trois objectifs fondamentaux de la révolution –emploi, dignité et liberté- n’a été atteint. La déception la plus notable concerne l’emploi où les objectifs n’ont été accomplis que «dans une faible et très faible mesure», soulignent 97% des sondés. Ainsi, le taux de chômage des diplômés est passé de 33,6% en 2011 à 31,2% en 2017. L'un des rares points positifs de la révolution a trait à la liberté d’expression (69%).

Les Tunisiens semblent donc avoir perdu tout espoir. 48% d'entre eux prédisent que la situation économique du pays sera pire dans les années à venir et 44% qu'elle va s’aggraver au niveau social. Il n’empêche que seuls 32% des sondés âgés entre 18 et 35 ans souhaitent quitter le pays.

L’enquête a porté sur un échantillon de 2.000 Tunisiens âgés de 18 ans et plus, représentatif de la population.

Par Moussa Diop
Le 11/12/2017 à 14h16, mis à jour le 11/12/2017 à 14h18