Le président français arrive en milieu d'après-midi à Tunis, deux semaines après une nouvelle poussée de fièvre marquée par des manifestations, dont certaines ont dégénéré en émeutes nocturnes, dans plusieurs villes tunisiennes.
Mais le président Macron place sa visite d'État, la première à ce niveau dans un pays arabe depuis son élection, sous le signe de l'optimisme. Il s'agit d'"apporter son soutien à l'expérience démocratique tunisienne, qui est la seule expérience de transition réussie après les Printemps arabes" de 2011, selon l'Élysée.
Le chef de l'État le fera en particulier en s'adressant jeudi aux députés à l'Assemblée du peuple et en rencontrant des responsables de la dynamique société civile.
"La relation avec la Tunisie est prioritaire" car les liens entre les deux pays "sont exceptionnels", avait-t-il déclaré en recevant son homologue Béji Caïd Essebsi, 91 ans, en décembre à l'Élysée.
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Mais, au delà des mots, les Tunisiens réclament surtout des gestes concrets de la part de l'ancienne puissance coloniale.
Beaucoup de promesses
"Ils n’attendent plus grande chose des promesses de soutien des responsables étrangers et n’y croient qu’à moitié", souligne le politologue tunisien Selim Kharrat.
"En 2011, on nous avait promis un plan Marshall et des aides exceptionnelles qui ne sont jamais venues. Plus récemment, beaucoup de promesses ont été faites dans le cadre du sommet Tunisie 2020, mais on voit que c’est rarement suivi par des faits palpables sur le terrain et dans le vécu du Tunisien lambda", selon lui.
La présidence française indique qu'une série d'accords économiques, sécuritaire, universitaires et culturels seront signés à l'occasion des entretiens avec le président Essebsi et le Premier ministre Youssef Chahed.
Dans un entretien au quotidien francophone La Presse, Macron a indiqué qu'il annoncerait pendant sa visite "un effort supplémentaire au moins dans trois domaines: la réduction des inégalités, sociales et territoriales; l'employabilité des jeunes (...); et un investissement accru dans les secteurs d’avenir dont (...) les énergies renouvelables et les nouvelles technologie".
Tout en saluant les "signaux positifs" envoyés par le gouvernement, il a estimé que "l'Etat tunisien a aussi des réformes à mener afin que la Tunisie devienne une destination plus attractive pour les investissements étrangers."
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Le chef de l'État français est accompagné de son épouse Brigitte, de plusieurs ministres, dont Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) et Jean-Michel Blanquer (Éducation), de deux jeunes députées d'origine tunisienne du parti présidentiel(Sonia Krimi et Anissa Khedher), d'artistes et d'hommes d'affaires comme Stéphane Richard (Orange) et Xavier Niel (Iliad).
Appel aux investisseurs
"Le gouvernement tunisien veut profiter de cette visite pour trouver une solution à la dette de la Tunisie envers la France", selon le quotidien Al Sabah, qui annonce la conversion de 30 millions d’euros de dettes en projets d'investissements, un montant que Paris n'a pas confirmé.
L'encours de la dette publique tunisienne envers la France s'élevait à 2.380 millions de dinars, soit environ 800 millions d'euros (au 31 décembre 2016), selon Tunis.
Paris cherche aussi des moyens d'aider le gouvernement tunisien à réduire le chômage qui reste supérieur à 15% et dépasse 30% chez les jeunes diplômés malgré le rebond de la croissance en 2017 à 2%. Un appel est ainsi lancé aux entreprises françaises à "revenir massivement investir en Tunisie", indique l'Élysée.
Un accord sera en outre signé pour mieux collaborer dans la lutte antiterroriste alors que l'état d'urgence reste en vigueur en Tunisie deux ans après avoir été instauré après des attentats jihadistes sanglants, dont celui du musée du Bardo, où se rendra le président français.
Cette visite, qui succède à celles au Maroc, en Algérie et dans plusieurs pays d'Afrique de l'ouest, donnera à Emmanuel Macron l'occasion de promouvoir la nouvelle relation qu'il veut établir avec l'Afrique et la rive sud de la Méditerranée.
"Avec l'Afrique (...) la France veut construire un avenir et une amitié partagés. Il ne pourra pas y avoir de succès durable contre le terrorisme si notre stratégie commune ne s'accompagne pas du règlement des conflits politiques, d’un renouvellement de l'aide au développement, d'un encouragement aux investissements internationaux, de la valorisation de la place des femmes, ou encore de la promotion de l'éducation", a indiqué Macron à La Presse.