«Je propose de faire de l’égalité dans l’héritage une loi», a déclaré Béji Caïd Essebsi, lors d’un discours télévisé à l’occasion de la Journée de la femme tunisienne, soulignant qu’avec ce projet, «on va faire de l’égalité la règle et de l’inégalité une dérogation». Il rejoint ainsi la proposition de la Commission pour les libertés individuelles et l’égalité (Colibe).
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Ce projet de loi sera présenté aux députés tunisiens dès la fin des vacances parlementaires. Il est certain que les débats seront houleux tant la question divise dans une société où la religion est encore fortement présente. Il faut reconnaître que cette mesure qui rentre dans le cadre de l'égalité consacrée par la Constitution de 2014 est loin de faire l’unanimité.
A la veille du discours du président, une importante manifestation a réuni à Tunis les détracteurs de ce projet de loi qui soutiennent que l’héritage est régi par le Coran et donc sacré. Certains extrémistes brandissaient le cCoran en scandant: avec «notre sang, nous défendrons l’islam».
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Les partisans de l'égalité successorale comptent répliquer ce lundi en organisant une importante manifestation à Tunis, revigorés dorénavant par le soutien du président Essebsi.
C’est dire que la partie est loin d’être gagnée au parlement, et ce d’autant que ce projet intervient quelques mois avant des élections législatives et présidentielle cruciales, prévues en 2019.
C’est pour cette raison que le président tunisien, qui bénéficie du soutien des islamistes, a souhaité ménager sa coalition gouvernementale en laissant la porte ouverte à des «exceptions» pour les familles qui souhaitent appliquer la Charia, la loi coranique en matière d’héritage.