Le pays d’Afrique de l’Est a sombré dans la violence le 29 octobre, jour d’élections législatives et présidentielle jugées frauduleuses par des observateurs internationaux. Plus de 1.000 personnes, dont des manifestants hostiles au pouvoir, ont été tuées lors de la répression matée dans le sang d’une contestation anti-pouvoir, selon l’opposition et des défenseurs des droits humains.
Nombre de ces victimes avaient été abattues à Dar es Salaam, mais la contestation avait aussi eu lieu dans d’autres grandes villes du pays.
Alors que de nouvelles marches contre ces violences sont prévues mardi en Tanzanie, jour de la fête de l’indépendance, le gouvernement a d’abord annulé les célébrations traditionnelles. Puis la police a interdit toute manifestation. Lundi, le Premier ministre Mwigulu Nchemba a enfin encouragé la population à «se reposer».
Mardi, des correspondants de l’AFP ont constaté une impressionnante mobilisation policière dans Dar es Salaam, l’un deux ayant été contrôlé à sept reprises en un peu plus de 30 mn passées hors de chez lui.
Durant ce laps de temps, il n’a vu qu’une grosse dizaine de piétons dans le centre-ville, où aucun magasin n’est ouvert et aucune voiture ne circule, donnant l’impression d’une ville fantôme.
Les transports en commun ont disparu du paysage et Obama Drive, axe qui longe l’océan indien et permet d’accéder à State House, la résidence présidentielle, est fermée, selon ce correspondant.
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La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, objet de la colère populaire, notamment après son élection avec près de 98% des suffrages, a souhaité sur X un «joyeux 64e anniversaire» à la Tanzanie, insistant sur les «valeurs de paix, d’unité et de solidarité» mais sans mentionner d’éventuelles manifestations.
Plus d’un mois après les dernières violences, l’exécutif se refuse toujours à fournir un bilan officiel de la répression, dont il a systématiquement cherché à masquer l’ampleur.
Les autorités tanzaniennes ont d’abord coupé totalement internet pendant cinq jours. Puis elles ont intimidé, avec succès, la population pour qu’elle ne publie en ligne aucune photo des massacres. Seuls de rares militants des droits de l’Homme et quelques cadres de l’opposition ont enfreint ces consignes.
De nombreux Tanzaniens se prononçant sur les réseaux sociaux en faveur de nouvelles manifestations anti-pouvoir ont également été arrêtés en novembre et décembre.
«Le gouvernement tanzanien s’appuie sur le climat alarmant de peur qui régnait avant les élections pour dissuader de nouvelles manifestations», estime Oryem Nyeko, chercheur de l’ONG Human Rights Watch, dans un communiqué.




