Algérie: Un think tank belge craint que l'armée se retourne contre le peuple

DR

Le 10/10/2018 à 10h45, mis à jour le 10/10/2018 à 10h47

Le Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, un think tank réputé pour ses études sur l'armement, vient de demander aux Etats membres de l'Union européenne d'éviter d'armer l'Algérie. Les militaires pourraient en effet se retourner à tout moment contre le peuple.

Alors que les autorités algériennes continuent d'orienter les maigres ressources du pays vers les armes, le Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP) tire la sonnette d'alarme à cause de la menace réelle qu'une telle situation représente contre le peuple algérien. Dans une étude récente, il appelle l'Union européenne "à être vigilante avant d’octroyer les licences d’exportation d’armes à l’Algérie". En d'autres termes, il s'agit de mettre sous embargo un pays à la forte demande sociale et qui achète plus d'armes que tous les Etats africains réunis. 

En effet, le GRIP estime que «la priorité accordée au secteur de la défense dans le budget (de l’ANP, ndlr) s’explique par l’influence de l’armée algérienne dans la politique du pays». Cela laisse supposer qu'un jour ou l'autre quand ses intérêts politiques seront menacés, la grande muette pourrait tout à fait retrouner ses propres armes contre les citoyens. 

Les inquiétudes de ce think tank, notamment connu pour ses veilles sur la situation sécuritaire en Afrique, sont justifiées par l'impressionnant budget d'armement de l'Algérie. Alors même que ce pays a restreint les importations de produits alimentaires, les armes continuent d'affluer, comme si le budget de l'Etat n'affichait pas déjà un défit de plusieurs milliards de dollars. 

"L’Algérie a été le 7e plus grand importateur d’armes conventionnelles au monde pendant la période 2013-2017», rappelle le GRIP. Pire, plus de la moitié des armes achetées par tous les pays du continent africain réuni est destinée à l'Algérie qui en accapare 52%, soit "3,7 % des exportations au niveau mondial". 

La situation que décrit le think tank belge est apocalyptique: Un pays dont "le gouvernement est incapable de surmonter les problèmes sociaux", "une opposition" réduite à sa plus faible expression, une "corruption endémique", un "chômage endémique" avec des taux à deux chiffres, etc. Bref tous "les ingrédients sont réunis" pour que le pays explose. Toutes ces armes sont ainsi censées éviter une remise en cause de l'ordre actuel qui n'arrange que la nomenklatura. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 10/10/2018 à 10h45, mis à jour le 10/10/2018 à 10h47