Algérie. Coronavirus: explications sur la baisse subite des cas, et pourquoi les autorités craignent leur multiplication

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Le 06/04/2020 à 11h01, mis à jour le 06/04/2020 à 11h03

Au cours du week-end dernier, le nombre de cas testés positifs au Covid-19 a fortement baissé en Algérie. Il ne s’agirait d’une inflexion de la tendance, mais d’un déficit en nombre de kits de tests de dépistage. Le ministre de la Santé dit craindre l'évolution de la situation épidémiologique.

Après avoir atteint le nombre record, dans le pays, de 185 cas testés positifs au Covid-19 en 24 heures, le vendredi 3 avril dernier, l’Algérie a vu le nombre de patients avérés chuter le lendemain, samedi 4, et surtout le dimanche 5 avril, à respectivement 80 et 64 cas.

L'Algérie compte désormais 1.320 cas confirmés, selon un bilan annoncé hier, dimanche 5 avril, à 17 heures. 

Cette baisse a été interprétée comme une lueur d’espoir, avant une déclaration faite par le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, qui a refroidi les espoirs nés de l'annonce de ces estimations, en annonçant que «le rythme des contaminations connaîtra dans les prochains jours une hausse terrifiante qui nécessite une mobilisation et une solidarité des citoyens {auxquels} je rappelle l’obligation de respecter le confinement et toutes les mesures prises par les autorités».

Comment s’explique alors cette grande baisse des cas confirmés? La réponse a été donnée par Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), médecin généraliste, qui exerce dans la wilaya de Blida, la plus touchée par la propagation du coronavirus en Algérie.

Dans une déclaration au média électronique Maghreb Emergent, le Dr Merabet affirme qu'«il ne faut pas crier victoire. La baisse de nombre de nouveaux cas ces deux derniers jours, ne veut nullement dire que nous avons dépassé la phase critique de la pandémie», a-t-il expliqué, ajoutant que «nous n’avons pas fait suffisamment d’analyses, c’est pour cela que le nombre de cas confirmés a connu un recul».

L’Algérie est l’un des trois pays du Maghreb ayant effectué le moins de tests de dépistage au Covid-19 sur ses habitants.

Au total, le pays en a effectué 4.000 en 40 jours, soit une moyenne de 100 tests par jour, or, comme le souligne Merabet, certains pays «sont arrivés à faire plus de 100.000 tests par semaine».

Au Maroc, le nombre total de tests effectués s’établit à 5.067. En Tunisie, plus de 7.000 tests ont été effectués par les autorités sanitaires, et le gouvernement a décidé de passer une commande de 400.000 kits de dépistage pour effectuer des tests à grande échelle sur la population. 

Pour le Dr Lyes Merabet, le nombre de cas avérés de patients positifs au Covid-19 en Algérie pourrait se multiplier, «avec l’arrivée d’importantes quantités de kits de dépistage et l’ouverture de nouveaux laboratoires d’analyses».

Les craintes formulées par le ministre algérien de la Santé, samedi dernier, se comprennent donc, même si ce membre du gouvernement n'a pas expliqué le faible nombre des tests de dépistage effectués jusqu'ici. 

L’Algérie a réceptionné pas plus tard qu'hier, dimanche 5 avril, une importante cargaison d’équipements médicaux, dont 8,5 millions de masques et des kits de tests de dépistage du Covid-19 en provenance de Chine.

Par Karim Zeidane
Le 06/04/2020 à 11h01, mis à jour le 06/04/2020 à 11h03