Cameroun: les combats s’intensifient avec sécessionnistes en zone anglophone

Le 12/12/2017 à 12h23

La crise semble prendre une tournure résolument armée, avec la multiplication des attaques sécessionnistes et une riposte militaire plus marquée. Les affrontements ont fait six morts la semaine dernière, dont cinq présumés sécessionnistes.

Des revendications corporatistes aux exigences politiques, les revendications dites anglophones au Cameroun semblent céder la place à un conflit armé. Enhardis, les sécessionnistes n’hésitent plus à s’attaquer aux militaires.

C’est ainsi que le 5 décembre 2017, les éléments des forces de défense du 22e bataillon d’infanterie motorisée de Nsanakang à Mamfe, dans la région du Sud-Ouest, ont repoussé une attaque dirigée contre le poste du bataillon, menée par une vingtaine d’assaillants lourdement armés, venus en pirogue motorisée.

Quelques jours plus tard, dans la nuit du 7 au 8 décembre, cinq terroristes ont été abattus par les forces de défense qui ripostaient à une attaque menée par près de 200 assaillants, selon le ministre de la Communication, contre la caserne de la gendarmerie de Mamfe. Du côté des forces armées, on a enregistré un mort et une dizaine de blessés.

Par ailleurs, le gouvernement camerounais a annoncé des avancées dans l’enquête au sujet des assassinats commis contre des militaires. «Dans la journée du 7 novembre, les auteurs de l’assassinat du soldat Yaya Emmanuel qui avait été cruellement égorgé par une escouade de terroristes dans la nuit du 9 au 10 novembre, alors qu’il assurait la garde d’un pont reliant le Cameroun au Nigéria voisin à hauteur de la localité d’Akwem non loin de la ville Mamfe, ont été appréhendés, mis aux arrêts et leurs armes saisies», a annoncé le ministre Issa Tchiroma Bakary. De même, trois individus qui avaient tenté d’assassiner des gendarmes en service au poste de pesage de Bombé-Bakundu près de la ville de Kumba, ont été arrêtés.

Pendant ce temps, le Nigeria voisin, où se replient certains assaillants, a affirmé être contre la partition du Cameroun. Muhammadu Buhari, le chef d’Etat nigérian, a dépêché son émissaire, le Haut-commissaire du Nigéria au Cameroun, Lawan Abba Gashagar, avec un message pour le chef d’Etat camerounais.

Selon les informations rapportées par la présidence, le diplomate nigérian a précisé que «l’Etat du Nigéria ne soutient d’aucune manière» les sécessionnistes. Il a souligné par ailleurs que le gouvernement nigérian est «favorable au retour rapide à la paix au Cameroun et la préservation de son intégrité territoriale».

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 12/12/2017 à 12h23