Egypte-Ethiopie. Barrage de la Renaissance: Addis-Abeba déploie son armée

Le Grand barrage de la Renaissance de l’Ethiopie continue d’être une source de tension.

Le Grand barrage de la Renaissance de l’Ethiopie continue d’être une source de tension.. DR

Le 04/04/2020 à 16h48, mis à jour le 05/04/2020 à 13h49

La tension est montée d’un cran entre l’Egypte et l’Ethiopie sur le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD). Addis-Abeba aurait déployé son armée non loin du barrage, alors que les négociations entre les deux parties sont au point mort.

Après l’échec des dernières rencontres entre l’Egypte et l’Ethiopie sous l’égide des Etats-Unis, il fallait s’attendre à ce que la situation devienne plus tendue entre les deux pays à propos du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne.

D’ailleurs, les premières manifestations de cette tension sont désormais palpables. En effet, selon RFI, l’Ethiopie a entamé le dépliement de son armée dans les environs du barrage. Des images publiées par la télévision d’Etat éthiopienne montrent des chars de combat, des véhicules militaires et des soldats déployés non loin du barrage.

D’ailleurs, les dernières sorties du Premier ministre éthiopien montrent clairement qu’Addis-Abeba ne compte pas céder aux pressions aussi bien égyptiennes qu’américaines. «Pour nous, c’est la seconde chose la plus importante après la vie humaine», a t-il déclaré, parlant du barrage, à l'occasion du 9è anniversaire de lancement de sa construction.

Le Caire, qui revendique un droit historique sur le Nil, accuse Addis-Abeba de vouloir gagner du temps dans les discussions pour finir la construction du barrage et mettre l’Egypte une fois pour toute devant le fait accompli. Et face, à cette situation, l'Egypte qui a lancé une grande offensive à destination des pays africains de la région, ne compte pas abandonner la partie sans obtenir des garanties sures d'Ethiopie sur le remplissage du réservoir du barrage et donc sur le maintien du débit du Nil. 

Rappelons qu’en 2013, le régime égyptien avait diffusé en direct une réunion au cours de laquelle des responsables islamistes imaginent avec le président Morsi comment détruire le barrage éthiopien sur le Nil Bleu, grand fleuve qui fournit les Égyptiens en eau.

Face au risque d’escalade, le Soudan souhaite jouer le médiateur entre les deux pays. Toutefois, Le Caire n’est pas très enthousiasmé par cette médiation soudanaise, sachant que Khartoum tire aussi d’énormes profits de la construction de ce barrage: débit maîtrisé du fleuve empêche des inondations sur son territoire, profit de l’électricité bon marché du barrage situé à 25 km de sa frontière avec l’Ethiopie, etc.

Rappelons que l’Egypte, qui tire plus de 95% de ses ressources en eau du Nil, craint que le barrage de la Renaissance ne réduise le flux du fleuve, sachant que plus de 80% des eaux du Nil qui traverse l’Egypte proviennent de Nil Bleu qui prend sa source en Ethiopie et sur lequel est construit ce gigantesque barrage.

Le différend actuel entre les deux pays repose sur le remplissage du réservoir géant du barrage, soit 75 milliards de mètres cubes d’eau.

Le Caire souhaite un remplissage étalé sur de nombreuses années, au moins plus de 12 ans, afin de ne pas réduire le débit du fleuve qui assure plus de 95% de ses besoins en eau.

Quant à l’Ethiopie, elle souhaite un remplissage plus rapide du réservoir du barrage, autour de 5 ans, afin de pouvoir produire rapidement de l’électricité.

D’ailleurs, selon les autorités éthiopiennes, si les négociations avec l’Egypte n’aboutissent pas, ils vont démarrer le remplissage du réservoir du barrage dès juillet prochain pour entamer la production d’électricité en février 2021. Une perspective que redoute l’Egypte.

En effet, le barrage de la Renaissance est le plus grand barrage hydroélectrique du continent africain avec une capacité de production de 6.450 mégawatts (MW).

Par Kofi Gabriel
Le 04/04/2020 à 16h48, mis à jour le 05/04/2020 à 13h49