Centrafrique: des ONG s'alarment du "chaos"

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Le 19/10/2017 à 16h59

Cinq ONG humanitaires internationales se sont alarmées jeudi à Paris du "chaos" qui règne en Centrafrique, "un pays qui s'enfonce" dans une "crise majeure" sécuritaire et humanitaire sans que ces organisations puissent déployer toute leur aide.

Alors que le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres se rend dans le pays du 24 au 27 octobre, Médecins du monde, Action contre la Faim, Acted, Solidarités International et Première Urgence Internationale ont également exhorté l'ONU à "clarifier le mandat" de la mission de la paix sur place (Minusca) qui doit être renouvelé en novembre.

"La République centrafricaine est en train de s'enfoncer, il y a une crise majeure dans ce pays" et "la réaction de la communauté internationale n'est pas à la hauteur des enjeux", a rappelé le directeur des opérations internationales à Médecins du monde, Jean-François Corty.

Depuis début mars, la Centrafrique fait face à une recrudescence de violences entre groupes armés, impliquant notamment des milices anti-Balaka à majorité chrétienne et des groupes issus de l'ex-Séléka à dominante musulmane.

Ces violences ont fait 1,1 million de déplacés: 600.000 sont déplacés à l'intérieur du pays et 513.000 ont trouvé refuge dans des pays voisins, notamment le Cameroun et la RDC.

Un Centrafricain sur deux dépend de l'aide humanitaire, estiment ces associations, mais la situation sécuritaire instable, avec des groupes armés "qui contrôlent 80% du pays" mais "sont de plus en plus nombreux et de moins en moins organisés" selon Hélène Camus représentante de Acted dans le pays, les empêchent de se déployer.

Les humanitaires déplorent également être des cibles. "Depuis le début de l'année, on a recensé plus de 280 incidents qui ont directement touché les ONG. Sur le dernier semestre, on avait une moyenne de 43 incidents par mois", a souligné Marilyn Citaddini, chef de mission pour Solidarités International.

"Il y a trois zones où tous les humanitaires ont dû évacuer et arrêter leurs interventions, (autour des villes de) Zemio, Bocaranga et Batangafo. Depuis mai 2017, on a sept villes évacuées a minima, partiellement ou temporairement par des humanitaires", a souligné Hélène Quéau, de l'association Première Urgence Internationale.

Face à cette situation, Croty a rappelé "la nécessité de renouveler le mandat de la Minusca en le clarifiant (car) cette force n'est pas bien perçue par les autorités et par les civils". "Le coeur du mandat doit être la protection des civils. Ce doit être clairement exprimé, et pas parmi d'autres objectifs, et doté des moyens adaptés", a insisté Hélène Quéau.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 19/10/2017 à 16h59