Cameroun: à cause du Covid-19, les enseignants émettent des réserves sur la reprise de l’école le 1er juin

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Le 26/05/2020 à 08h27, mis à jour le 26/05/2020 à 19h46

Dans une lettre adressée au Premier ministre, les syndicats d’enseignants regrettent de ne pas avoir été associés à la décision de réouverture des écoles à cette date indicative, et formulent des propositions pour éviter que le retour en classe ne soit un «échec».

Dans une lettre adressée au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, plusieurs syndicats d’enseignants du Cameroun ont fait part de leurs appréhensions au sujet de la reprise des cours dans le pays à la «date indicative» du 1er juin 2020.

«Cette décision a été adoptée de façon unilatérale, sans consultation des autres parties prenantes de l'éducation. Même pour sa mise en œuvre, les partenaires de la communauté éducative que sont les enseignants et les parents, bien organisés, structurés et parfaitement connus des pouvoirs publics ne sont toujours pas impliqués», déplorent les enseignants dans leur adresse.

Ceux-ci émettent, d’une part, des réserves sur le nombre d'élèves par classe (ils sont cinquante par salle), ce qui ne permettrait pas «de mettre en œuvre la mesure phare de distanciation sociale».

D’autre part, sur les mesures-barrières, ils s’interrogent sur la mise à disposition des masques de protection.

«L’obligation de protection de l’espace scolaire et de ses acteurs est un devoir régalien de l’Etat et la distribution des masques et de gel hydroalcoolique est le seul moyen d’assurer l’égale protection de tous ces acteurs», disent-ils.

Par ailleurs, sur le déroulement des enseignements et le séjour dans les établissements scolaires dans ce contexte de crise sanitaire, les syndicats s’inquiètent des nombreux facteurs de risques de contamination, dont l’utilisation des outils pédagogiques communs, la fréquentation des mêmes espaces (lieux d'aisance, cours de récréation, etc.).

Aussi, estiment-ils, «la reprise des cours annoncée est lourde de menaces pour les enseignants et les élèves». 

Pour que cette rentrée scolaire «ne soit pas un échec», ils proposent, entre autres, d’organiser les examens sur la base de la couverture à jour des programmes scolaires; d’assurer la disponibilité gratuite des masques de protection et de gel hydroalcoolique pour tous les enseignants et élèves; de limiter le nombre d’élèves à 24 par classe; d’assurer la désinfection quotidienne des campus scolaires et de prévoir des primes spéciales pour les enseignants pour la surcharge de travail et le risque imposé par le nouveau contexte.

«La santé des enseignants, de millions d’élèves ainsi d’ailleurs que de leurs parents nous semble sans prix. Les syndicats mobiliseront les enseignants en cas de nécessité à se défendre si des dispositions claires ne sont prises pour assurer leur retour protégé sur les campus scolaires», préviennent les syndicalistes.

A titre de rappel, la fermeture de tous les établissements scolaires, universitaires et professionnels a été décidée par le gouvernement le 17 mars 2020 dans le cadre de la riposte contre la pandémie du coronavirus (Covid-19).

Tout en dévoilant les modalités de reprise de l’école le 15 mai dernier, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a déclaré que des mesures sanitaires strictes ont été prises pour assurer la sécurité des élèves et du personnel d’encadrement.

Au 25 mai 2020, le Cameroun comptabilisait 5.044 cas positifs confirmés, dont 1.917 guéris et 171 décès.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 26/05/2020 à 08h27, mis à jour le 26/05/2020 à 19h46