Guinée: de retour d'Addis-Abeba, Alpha Condé accueilli en fanfare à Conakry

Alpha Condé prononce son discours de retour et en profite pour sensibiliser les Guinéens à l'accueil des chefs d'Etat africains.

Alpha Condé prononce son discours de retour et en profite pour sensibiliser les Guinéens à l'accueil des chefs d'Etat africains. . DR

Le 03/02/2017 à 09h43, mis à jour le 03/02/2017 à 11h49

De retour d'Addis-Abeba où il a pris la présidence tournante de l'Union Africaine, Alpha Condé a été accueilli en héros jeudi 12 février par des milliers de Conakrykas... L'accueil a fortement paralysé les activités socio-économiques de la capitale.

Sur l'autoroute Fidel Castro, le tronçon Aéroport Gbéssia - Place des Martyrs long de 15 kilomètres, a été envahi par des habitants venus de différents quartiers de Conakry. Certains étaient là depuis le matin. Alors que l'avion transportant le nouveau président en exercice de l'Union Africaine a atteint la piste d'atterrissage de l'aéroport de Conakry vers 14 heures quinze. "Même s'il faut l'attendre jusqu'à 14 heures, on le fera", affirme Mamadi Touré, un militant du parti présidentiel. Dès 10 heures, Touré a rejoint des centaines d'autres jeunes qui ont dansé en prélude à l'arrivée du président. Des associations de femmes, des mouvements de soutien, des troupes folkloriques... étaient également au rendez-vous de l'aéroport.

A sa sortie de l'aéroport, le cortège d'Alpha Condé a mis près d'une heure avant de parvenir à la place des Martyrs où homme fort a tenu son discours devant une masse et de personnalités. Visiblement fatigué par le voyage et les bains de foule, Alpha Condé a prononcé un discours de moins de 10 minutes, contrairement à son habitude. "Je dois vous remercier chaleureusement de l'enthousiasme que vous avez montré depuis l'aéroport jusqu'ici... Toutes les couches sociales de notre pays sont sorties massivement", a dit Alpha Condé d'entrée de jeu. Avant d'estimer que ce n'est qu'un juste retour des choses. Puisque, s'est-il expliqué, la Guinée a été parmi les pays qui ont montré la voie de l'indépendance aux peuples africains.

Le cas Maroc

Le président Alpha Condé a ensuite fait un compte rendu résumé des travaux du 28e Sommet de l'Union Africaine. "Les chefs d'Etat africains ont montré qu'au-delà de leur divergence sur le Sahara, ils étaient prêts à continuer le combat pour que l'Afrique joue son rôle sur le plan international", a-t-il dit. Alpha Condé est aussi revenu sur le cas du Maroc dont le retour au sein de l'organisation panafricaine a été l'un des moments forts du sommet. " Je suis fier, au nom de la Guinée, que le Maroc soit revenu à l’Union Africaine pour se retrouver ainsi parmi tous les pays fondateurs de l’OUA... Tout le monde pensait que le retour du Maroc allait faire éclater l'Union Africaine. Mais tel n'a pas été le cas, et je rends hommage aux dirigeants africains ", s'est-il réjoui.

VOIR AUSSI:

Vidéo. Union africaine: Alpha Condé succède à Idriss Déby Itno

"La Guinée, capitale de l'Afrique"

Tout en saluant l'enthousiasme de ses compatriotes, le président Alpha Condé leur a rappelé les défis qui accompagnent la présidence de l'UA. Entre autres, il leur demande d'assainir la capitale Conakry. "Votre premier défi n’est pas de m’accompagner pour l'Union Africaine, mais c’est de faire en sorte que la Guinée soit la capitale de l’Afrique... Comment pouvons-nous organiser les réunions de tous les chefs d’Etat Africains si nous avons des saletés partout dans la ville. Donc, le combat consiste à changer de comportement", leur a-t-il signalé.

Pas sans heurts

Alors que l'administration et le commerce ont été paralysés ce jeudi, Conakry a offert deux visages en accueillant son président. Si la partie sud de la ville a présenté l'image d'une ville en liesse, des agitations ont marqué le côté nord où se trouvent plusieurs quartiers favorables à l'opposition. Dans les quartiers de Cosa et Sonfonia, des jeunes ont barricadé l'artère principale qui mène au centre-ville. La police est intervenue mais n'a procédé à aucune interpellation. "Pendant que rien ne va dans le pays, on décaisse des milliards pour faire la fête. Les jeunes ont raison de manifester", approuve Abdoulaye Oumou Bah, jeune employé d'une entreprise privée.

Face à la sortie massive des Conakrykas, mais aussi face aux manifestants, le ministre de la Sécurité a dû mobiliser le nombre de policiers disponibles à Conakry. "C'est tout le système qui est mis en mouvement y compris les policiers stagiaires", confirme le colonel Ansoumane Camara alias Bafoé, directeur central des unités d'intervention de la police guinéenne.

Contrairement à certains partisans du pouvoir, le colonel Bafoué refuse de qualifier les manifestants de militants de l'opposition. Pour lui, il s'agit "de loubards à maitriser. Et c'est ce qui a été fait".

"Nous ne sommes pas derrière la sortie de ces jeunes. Toutefois, leur mécontentement n'est pas difficile à comprendre; on les a empêché de vaquer à leurs activités quotidiennes", réplique le vice-président de l'UFDG, Fodé Oussou Fofana, à ceux qui accusent son parti. 

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 03/02/2017 à 09h43, mis à jour le 03/02/2017 à 11h49